Réimaginer Attawapiskat

Territoire: Attawapiskat / ON

Population: 2 800 (2011)

Langue: Cri des marécages

Première Naiton d'Attawapiskat

Réimaginer Attawapiskat

La communauté crie d’Attawapiskat a fait beaucoup parler d’elle dans les journaux en raison des situations de crise qu’elle a vécues. Bien que les problèmes auxquels la communauté a fait face soient bien réels, ils ne sauraient lui être imputés. Malheureusement, l’accent que les médias ont mis sur ces situations de crise a renforcé les stéréotypes négatifs. On ne doit surtout pas oublier les profonds bouleversements que cette communauté a subis à l’époque des pensionnats indiens et aujourd’hui encore où elle continue de supporter le carcan des pratiques et structures colonialistes. Il ne faut pas non plus penser que l’identité d’Attawapiskat se définit uniquement à la lumière de ces situations de crise; bien au contraire, car les enseignements, pratiques, traditions et cérémonies culturelles y reprennent de la vigueur.
Le projet Réimaginer Attawapiskat a été conçu pour rétablir l’image négative projetée par cette fausse représentation de la réalité. Son but était de créer une tribune où les jeunes pourraient se sentir à l’aise de raconter leur histoire, de dire les choses qu’ils ont le goût de dire et de discuter des problèmes qu’ils ont envie de discuter. On y trouve des photos et des textes courts, des entrevues et des vidéos de musique. C’est un espace où les jeunes peuvent s’exprimer librement, et aussi avoir une influence sur la façon dont les gens de l’extérieur perçoivent leur communauté.
Le site Web est opérationnel depuis deux ans et depuis lors, d’excellents formateurs y ont animé des ateliers avec les jeunes. Cela a favorisé l’acquisition de nouvelles habiletés et formes d’expression. Et comme l’indique Keisha PaulMartin : « Nous ne sommes pas qu’une communauté en crise, nous sommes beaucoup plus que ça. »

En tant que jeunes et communauté, nous ne nous identifions pas à ces problèmes. Pour nous, Attawapiskat c’est chez nous. Nous voulons montrer aux gens toute la beauté qui s’y trouve, notre contact avec le territoire, nos rapports les uns avec les autres, l’amour et l’espoir.

Keisha PaulMartin

Détail des activités

En 2015, alors que Keisha PaulMartin fréquentait l’école secondaire, elle a entrepris le projet Reimagining Attawapiskat dans le cadre d’un cours d’art. Deux ans plus tard, son projet faisait l’objet d’un article dans le Maclean’s magazine.

«Tel que mentionné dans l’article du magazine Maclean’s, les objectifs de ce projet incluaient « repenser la façon dont les médias décrivent les communautés en temps de crise et encourager les jeunes à devenir des agents de changement ». Keisha a entrepris son projet en invitant les étudiants de l’école secondaire Vezina d’Attawapiskat à créer des cartes postales, avec des photos prises par eux-mêmes et des légendes composées par eux. Ces cartes postales ont été échangées avec d’autres à travers le pays afin de dresser un portrait plus riche de ce qu’est la vie à Attawapiskat, au-delà des crises.

Depuis ce temps, le projet a dépassé toute espérance, incluant un site Web (encadré par prof. Sarah Wiebe), des ateliers de photographie, une composante vidéo, de la poésie et des nouvelles. Non seulement est-il devenu un mode de diffusion de voix diverses à l’extérieur d’Attawapiskat, mais il participe à un sentiment de fierté grandissant au sein de la communauté. Le sentiment d’appartenance est de plus en plus fort. Parce qu’ils travaillent ensemble sur le projet, les jeunes resserrent les liens qui les unissent. Ils ne se perçoivent plus de la même façon au fur et à mesure qu’ils s’emploient activement à recadrer le discours au moyen de l’art.

Dans l’article du Maclean’s, Mandy Alves (la professeure d’art à l’école secondaire Vezina) fait la remarque suivante : « lorsque ce genre de situation survient, les médias se plaisent à alimenter l’idée négative d’un « problème autochtone » et ne se posent jamais la question à savoir si en réalité le « problème » ne serait pas intimement lié aux phénomènes de la colonisation et des pensionnats indiens. Comme le projet Reimagining appartient à ce groupe de jeunes, ils peuvent s’en servir pour raconter de nouvelles histoires, leur propre histoire ».

Et contrairement au discours véhiculé par les médias, les histoires racontées par les jeunes d’Attawapiskat dans le contexte de ce projet ne concernent pas uniquement les crises. Elles portent en grande partie sur la fierté culturelle, le contact avec le territoire et la résilience. Tel que l’indique Keisha PaulMartin dans une récente publication : « notre communauté est forte. Les cérémonies reviennent au goût du jour et les gens se réapproprient leur culture. C’est un endroit magnifique et même ceux qui ont de la difficulté et qui décident de partir finissent par revenir parce qu’il y a quelque chose ici qui nous unit. Attawapiskat est paisible. On se sent bien ici, on se sent chez nous… Pour moi, il est important que les gens de l’extérieur d’Attawapiskat voient tout ça. »