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Guide d'intervention pour les communautés

Raviver de Sages pratiques

Introduction

v1.4 — 15 août 2020
Grâce à leur base culturelle solide, les communautés qui promeuvent la vie aident les jeunes à découvrir un but et un sens à la vie ; elles leur procurent de l’espoir et un fort sentiment d’appartenance. Ces communautés possèdent des leaders sains, forts et visionnaires et elles sont autodéterminées. Elles reconnaissent et célèbrent les dons des enfants, des jeunes, des adultes, des familles élargies et des aînés. Ce sont des communautés qui s’appuient sur des systèmes de connaissances autochtones et de bonnes pratiques culturelles, où les langues autochtones sont revitalisées et où les cérémonies, les démarches spirituelles et les enseignements inspirés du territoire sont profondément valorisés. Les relations respectueuses fondées sur la reconnaissance de l’interdépendance de tous les êtres vivants sont au cœur de cette action. Les enfants, les jeunes, les bénévoles, les familles, les professionnels, les gardiens du savoir, les leaders locaux, les gouvernements et les aînés ont tous un rôle à jouer pour soutenir la vie collective de la communauté.

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Ce guide d’intervention vise à soutenir tout le bon travail qui s’accomplit déjà dans les communautés des Premières Nations pour aider les jeunes à mener une bonne vie. Ce guide d’intervention parle de l’apprentissage de chacun des projets communautaires présentés dans ce site Web et y combine les connaissances issues de recherches plus formelles. Il est conçu pour aider les organisateurs communautaires, les leaders jeunes, les groupes de planification, les bénévoles et les fournisseurs de services à réfléchir à la manière de s’impliquer dans davantage de pratiques de promotion de la vie dans leurs propres communautés. Le Guide d’intervention vise à aider les communautés à consolider leurs connaissances et leur sagesse locales pour trouver leurs propres solutions.

Les pratiques de promotion de la vie fonctionnent de façon optimale lorsque ce sont les communautés elles-mêmes qui les élaborent. Un soutien provenant de l’extérieur peut parfois être utile, mais seulement si c’est la communauté qui en prend la décision. Les récits communautaires relatés en lien avec les présentes Sages pratiques sont des exemples et des ressources dont le but est d’enrichir et d’inspirer, et non des modèles normalisés à reproduire. Les interventions différeront selon la communauté concernée.

Pour en savoir plus sur les réflexions qui ont alimenté ce travail, veuillez consulter une revue de littérature, ici. Si vous cherchez des articles de recherche particuliers pour une demande de financement ou une proposition, suivez ce lien Bibliographie annotée. Si vous êtes un leader, un bailleur de fonds ou un décideur politique qui aimeriez soutenir les initiatives de promotion de la vie dans les communautés des Premières Nations, consultez le document Changements systémiques pour promouvoir la vie.

Miser sur les forces de la communauté

Lorsque les jeunes puisent dans les forces et les dons propres à leur culture et à leur communauté, ils se connectent à la vie. Nous avons tous un rôle à jouer dans la communauté pour mettre en valeur ses points forts et créer des communautés qui soutiennent la vie. Les efforts de prévention du suicide sont souvent axés sur les individus et les communautés dites « à risque ». Ce genre d’approche tend à renforcer l’idée que ce sont les gens et les communautés qui sont la source du problème, quand en fait le problème découle des politiques racistes et colonialistes qui entrent en conflit avec la bonne manière pour les membres des Premières Nations de vivre leur vie. Mettre l’accent sur les points forts de la communauté ne signifie pas faire abstraction des vraies injustices et de ce qui menace le bien-être des populations autochtones dans ce pays ni du besoin d’intervenir sur tous les fronts. Il s’agit plutôt d’une approche qui fait entendre un autre son de cloche, avec un accent sur la vie et le mieux-être collectifs.

Nous avons écouté les jeunes des Premières Nations de tout le pays et ils nous ont confié que le discours sur la mort qui entoure la prévention du suicide ne les aide pas du tout. Ils ont envie de se concentrer sur l’art de bien vivre leur vie. Nous avons adopté une approche communautaire parce que la communauté est un lieu qui facilite le mieux-être et la vie.

Carol Hopkins

Le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations offre des outils et des approches pratiques qui aident à développer les forces de la communauté. Il centre son action sur la parole, l’expérience et le savoir-faire des gens et des communautés des Premières Nations, tout en tenant compte des structures dans lesquelles nous vivons et travaillons :

La réalisation du continuum des services de mieux-être mental envisagé nécessitera un engagement, une collaboration et des partenariats soutenus, de même qu’un leadership efficace dans l’ensemble du système. (p. 1).

Inspirés des approches de promotion de la vie mises en évidence dans ce site Web, du Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations et de la documentation de recherche, les sujets de réflexion et les suggestions suivants peuvent vous aider à tirer parti des forces de la communauté et à y promouvoir la vie :

Montrer comment nous sommes tous interdépendants et mobiliser la sagesse existante.

Constater la manière dont nous sommes tous interdépendants et tirer parti de nos connaissances collectives peut aider à mobiliser une réponse collective à l’objectif de soutenir les communautés qui promeuvent la vie :

  • Découvrir quels enseignements et cérémonies culturels ont servi à s’orienter dans les moments difficiles du passé.
  • Rejoindre les gardiens du savoir de votre communauté pouvant propager ces enseignements et d’autres connaissances.
  • Apprendre l’histoire et les effets de la colonisation afin de pouvoir discerner le caractère commun des défis actuels.
  • Tirer des leçons des récits de résistance et de force qui ont influencé votre communauté et les mettre en valeur.
  • Consultez la section Recadrer le discours de ce Guide d’intervention pour connaître des stratégies d’intervention utilisant « le langage de la vie ».

Découvrir ce qui connecte les jeunes à la vie dans votre communauté.

Les approches à la prévention du suicide habituelles tendent à focaliser sur ce qui ne fonctionne pas, ce qui rend la recherche de solutions difficile. Il faut donc examiner ce qui existe déjà et qui fonctionne bien:

  • Dans quelles circonstances et en quels endroits les jeunes gens de votre communauté vous semblent-ils s’épanouir ? Existe-t-il dans votre communauté des périodes de l’année, des cérémonies, des personnes ou des lieux qui animent particulièrement les jeunes ?
  • Quelles conditions font que ces circonstances ou endroits fonctionnent bien pour eux ?
  • Quels soutiens ou ressources pourraient consolider les liens qui connectent les jeunes à la vie dans ces circonstances et ces lieux ? Que faire pour atteindre d’autres jeunes de votre communauté ?

Développer des partenariats stratégiques pour promouvoir l’autodétermination de votre communauté.

Guidé par les gens et les enseignements de votre communauté, pensez aussi à des façons d’aller chercher du soutien pour vos initiatives locales à court et long terme, à l’extérieur de votre communauté :

  • Renforcer les liens familiaux est l’une des nombreuses façons de soutenir la vie communautaire.
  • Développer le réseautage avec d’autres Premières Nations peut renforcer la solidarité, réduire l’isolement et élargir votre expérience communautaire.
  • Défendre les droits et trouver des alliés sur le plan politique peut aider à vaincre certains obstacles et même donner accès à des ressources pour votre communauté.
  • Réfléchir à des façons de vous faire des alliés non autochtones dans votre région. Cela pourrait-il favoriser des changements à plus long terme et même amener à la réconciliation et à la décolonisation ?

Le pouvoir guérisseur de la culture

« Le pouvoir guérisseur de la culture » est une approche autochtone de promotion de la vie qui touche la personne entière dans son unicité et son contexte familial, communautaire, territorial, historique et spirituel.

Le pouvoir guérisseur de la culture a pour objet d’approfondir nos liens avec nous-même, les autres et le territoire dans un cheminement vers la santé globale et le bien-être, dans le respect des valeurs autochtones d’holisme et d’interdépendance. Par cette approche, la guérison est perçue à la fois comme une expérience personnelle et intime profonde et une démarche relationnelle et collective. Lorsque nous soutenons les autres dans leur processus de guérison, nous participons également au rétablissement de la communauté maintenant et pour l’avenir. « En termes thérapeutiques, la restauration culturelle autochtone rejette fondamentalement le mandat assimilationniste des pensionnats indiens au service d’une « renaissance culturelle de l’homme rouge. » (Gone, 2013, p. 696)

Le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations offre des outils conceptuels et des approches pratiques permettant de structurer le pouvoir guérisseur de la culture. Bien qu’à l’évidence, aucun tracé n’existe à cet effet, le pouvoir guérisseur étant propre à chaque communauté et à chaque personne, certains principes communs peuvent toutefois aider à clarifier comment aller de l’avant.

Voici un extrait du Cadre à ce sujet :

Le concept de la culture en tant que modèle d’intervention a été formulé dans le contexte d’une discussion avec des intervenants culturels et des aînés d’appartenance culturelle variée de l’ensemble du pays. Les concepts étaient décrits différemment par les diverses cultures, mais il y avait également un grand nombre de dénominateurs communs; notamment, une croyance commune voulant que le mieux-être intéresse la personne dans son ensemble et corresponde à un équilibre entre l’âme, le cœur/les émotions, le corps et l’esprit.

Le mieux-être spirituel est favorisé par le lien avec les croyances, les valeurs et l’identité. Au niveau du cœur, le mieux-être est favorisé par les relations, une attitude marquée par la volonté de vivre pleinement sa vie et le maintien de liens avec sa famille et sa communauté. Le mieux-être mental est favorisé par la prise en compte de la pensée intuitive autant que de la pensée rationnelle, et par la compréhension issue de leur équilibre. Enfin, le mieux-être physique s’exprime par une façon d’être et de faire autochtone unique, et suppose que l’on prenne soin de son corps comme de la « demeure de son esprit ».

En veillant sur ces quatre aspects de notre être, nous avons la possibilité de mener une vie saine en tant qu’individu à part entière. (p. 4)

Inspirés des approches de promotion de la vie mises en évidence dans ce site Web, du Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations et des documents connexes, les sujets de réflexion et les suggestions suivants peuvent vous aider à promouvoir le pouvoir guérisseur de la culture dans votre communauté :

Fortifier et cultiver des liens avec les familles.

La famille autochtone, la famille élargie et les liens solides avec les ancêtres sont les ressources nécessaires pour être bien dans la vie. Les liens familiaux intergénérationnels ont souvent souffert de la colonisation; par contre, la solution proposée par de nombreux services de protection de l’enfance a trop souvent été de « protéger » les enfants en les retirant à leur famille. La recherche montre cependant que soutenir des liens familiaux solides et procurer aux parents autochtones des ressources culturellement pertinentes pour prendre soin de leurs propres enfants sont des facteurs de protection qui, au fil du temps, contribuent à promouvoir le bien-être individuel, familial et collectif. Soutenir ce niveau de relation nécessite une réflexion critique sur les pratiques actuelles des services de protection de l’enfance afin de s’assurer que les familles reçoivent des ressources suffisantes et culturellement appropriées (voir Gerlach, Browne, Sinha et Elliot, 2017).

  • Comment veiller à l’épanouissement des familles de votre communauté et les fortifier ?
  • Quelles sont les occasions pour les familles de se réunir dans la communauté et de vivre une expérience où elles se sentent bien en tant que familles ?
  • Comment les familles aux prises avec des difficultés peuvent-elles trouver les appuis qui leur permettront de se développer ?
  • Quelles sont les pratiques qui actuellement nuisent aux liens familiaux, et comment faire pour les modifier de manière significative ?

Fortifier et cultiver des liens avec la communauté.

Alors qu’une grande partie de la société dominante / urbaine est de plus en plus compartimentalisée sur la base de l’âge, et que la professionnalisation des services a souvent mené à la fragmentation et à la distance dans nos communautés, la recherche montre que les liens entre jeunes et adultes sont l’un des facteurs les plus importants du mieux-être familial et communautaire. Comment trouver des façons inédites de sortir de notre isolement et de nous connecter plus souvent les uns avec les autres ?

  • Multiplier les occasions pour les aînés, les membres de la communauté, les bénévoles, les membres de familles élargies et les leaders jeunes de se rassembler pour parler de leur vision d’une vie communautaire partagée.
  • Trouver des occasions de communiquer et de faire circuler les idées dans plus d’une direction.
  • Veiller à ce que dans votre communauté, il y ait des espaces publiques gratuits et accessibles pour avoir l’occasion de rencontrer les autres de façon informelle (p. ex., jardin communautaire, belvédère, rond de feu, quai, terrain de jeu, terrain de soccer, centre de la petite enfance, centre communautaire).
  • Partager la nourriture et organiser des festins est une façon toute naturelle d’entretenir des liens avec les gens de la communauté. C’est ce que les Premières Nations font depuis des siècles.
  • Des ateliers pratiques peuvent réunir dans un même lieu divers membres de la communauté. Voici quelques suggestions d’activités : conserver le saumon, tisser des fibres de cèdre, laver et carder la laine, ou toute autre habileté que les membres de la communauté ont le goût de faire connaître aux autres.
  • Développer des partenariats autour de certains projets. Rechercher des partenaires hors de l’ordinaire (compagnies, fonctionnaires, universitaires ou autres) pour nouer des liens là où il n’y en avait pas auparavant.
  • Profiter des moyens déjà en place pour rassembler les membres de la communauté. Par exemple, les programmes de développement de la petite enfance, comme le Programme d’aide préscolaire aux Autochtones peuvent être des points de ralliement pour coordonner les initiatives communautaires de promotion de la vie et du mieux-être.

Raffermir et cultiver les liens avec le territoire.

Les peuples autochtones savent cela depuis des centaines d’années : la nature est un système vivant qui a beaucoup à nous enseigner sur la façon de vivre de la bonne façon :

  • Quels sont les lieux sacrés sur votre territoire ?
  • Quels gardiens du savoir ancestral pourraient servir de guides et faire vivre aux gens une expérience significative en ces lieux ?
  • Y a-t-il des pratiques traditionnelles (p.ex., tente de sudation), des chants, des enseignements, ou des rites associés à ces lieux ?
  • Y a-t-il des activités saisonnières pouvant être pratiquées sur une base annuelle (p.ex., cueillette de petits fruits, pêche, chasse, ramassage de racines) ?
  • Que faut-il prévoir pour ces activités (p.ex., transport, rémunération, outils ou matériel) ?
  • Comment s’assurer que l’information sera diffusée aux personnes qui pourraient le plus bénéficier de ces occasions d’apprentissage sur le territoire ?
  • Quels sont les moyens et ressources déjà accessibles dans votre communauté pouvant vous aider à réaliser des projets de qualité portant sur le territoire ?

Raviver la langue et les enseignements.

La langue c’est plus que des mots. La langue c’est la culture. C’est elle qui ramène les gens à ce qu’ils sont, à leur espace, à leur histoire, à leurs ancêtres et à leur manière d’être et de vivre dans le monde. Ce sont toutes ces choses qui donnent de l’espoir, un sentiment d’appartenance, ainsi qu’un but et un sens à notre vie. Voici quelques questions pour vous aider à réfléchir à des façons de raviver la langue et les enseignements dans votre communauté :

  • Qui sont vos locuteurs autochtones et gardiens du savoir ? Leur emploi du temps est-il chargé, et comment peut-on les soutenir ?
  • Quels jeunes de votre communauté ont des aptitudes pour la langue et un intérêt pour les enseignements ? Leur emploi du temps est-il chargé, et comment peut-on les soutenir ?
  • Existe-t-il des possibilités de mentorat, avec rémunération pour les personnes intéressées ?
  • En quels lieux les gens se rassemblent-ils naturellement et que pourrait-on y enseigner (p.ex., garderies, événements communautaires, écoles, festivals) ?
  • Y a-t-il quelqu’un dans votre communauté qui enregistre les chants et les contes sur le vif ?
  • Y a-t-il des chanteurs dans votre communauté ? Composent-ils des chansons ? Peut-on les aider dans leur démarche ?
  • Tient-on régulièrement des cercles de tambour, des séances de tissage ou de perlage, des clubs de langue ou des rassemblements communautaires de préparation et de conservation de nourriture ? Peut-on inviter plus de monde ou de nouvelles personnes à se joindre à ces rassemblements ?
  • Avez-vous accès à une application linguistique comme First Voices ?
  • Vous est-il possible de vous associer à une université ou à un organisme sans but lucratif pour obtenir du financement pour soutenir votre travail de revitalisation de la langue dans votre communauté ?

Éviter les approches uniformes.

Tel qu’illustré par les diverses séries de questions des sections ci-dessus, « le pouvoir guérisseur de la culture » revêtira une couleur différente selon qui vous êtes, où vous êtes et avec qui vous travaillez. Plutôt que de penser à des « pratiques exemplaires », nous vous recommandons de cultiver vos propres « sages pratiques » selon la sagesse et les enseignements du milieu.

Recadrer le discours

Recadrer le discours établi sur la prévention du suicide signifie ouvrir le débat sur le suicide des jeunes afin de reconnaître que la détresse, la souffrance et le suicide font partie du cadre général de la vie – et faire le choix conscient de mettre la vie au premier plan (p.ex., soutenir l’Esprit à toutes les étapes de la vie). Cette approche contraste avec d’autres approches de prévention du suicide, lesquelles ont tendance à se concentrer presque exclusivement sur l’aspect « risque », ou de s’appuyer sur des notions de préjudice ou de déficit.
Recadrer le discours signifie valoriser et promouvoir les expériences, les ressources relationnelles et les conditions sociales qui réconcilient les jeunes avec la vie et leur donne envie de vivre leur vie de manière positive. Recadrer le discours permet aux jeunes de reconnaître la résilience, la beauté et le dynamisme de leur communauté et d’apprécier en eux ces mêmes qualités, même en situation de crise. Cela peut en soi contribuer à retrouver l’amour de la vie :

Certaines personnes éprouvent de la gêne à dire, « Je viens d’Attiwapiskat » à cause de la couverture médiatique. J’aimerais plutôt les entendre dire, « Ouais, je viens d’Attiwapiskat » et en être fières.

Keisha PaulMartin

Le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations offre également des outils conceptuels et des approches pratiques pour aider à recadrer le discours. Ce Cadre est fondé sur la promotion de l’espoir, du sentiment d’appartenance et de la recherche de sens et d’un but dans la vie :

Susciter chez les jeunes « le sentiment que la vie a un sens et qui comprennent de quelle façon leur vie et celles des membres de leur famille et de leur communauté s’inscrivent dans la création et dans une histoire riche » peut les aider à découvrir « un but dans leur vie quotidienne, que ce but passe par l’éducation, l’emploi, la prestation de soins ou une façon d’être et de faire ancrée dans la culture ». Cela contribue à éprouver « un sentiment d’appartenance et d’attachement relativement à leur famille, à leur communauté et à leur culture ». Collectivement, ces expériences aident à entretenir « un espoir qui repose sur un sentiment d’identité, des valeurs autochtones uniques et une croyance en l’esprit ».

Inspirés des approches de promotion de la vie mises en évidence dans ce site Web, du Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations et des documents de recherche, les sujets de réflexion et les suggestions suivants peuvent vous aider à recadrer le discours dans votre communauté pour que vous puissiez intervenir avec le « langage de la vie » :

Accorder une place centrale à la parole et aux divers points de vue des jeunes.

Pour donner une place centrale à la parole des jeunes, il faut tenir compte non seulement du sujet de votre projet mais aussi de la démarche :

  • Encadrer les leaders jeunes en veillant tout particulièrement à ce que les traditions et les enseignements culturels soient intégrés dans votre méthode d’encadrement. Ne pas s’attendre à ce que les jeunes assument toute la responsabilité, mais les soutenir pour qu’avec le temps ils apprennent à assumer un rôle de leadership de plus en plus important en appliquant cette méthode d’encadrement.
  • Dès le début, faire en sorte que les jeunes soient au centre de votre initiative. Trouver des façons pour eux d’accéder à des enseignements, des protocoles et des pratiques culturels.
  • Impliquer les jeunes dans la prise de décision et le déroulement du projet avec l’aide des conseils judicieux des gardiens du savoir traditionnel, aura pour effet d’inciter un plus grand nombre de jeunes à prendre des initiatives.
  • Organiser des rassemblements à des moments susceptibles d’attirer les jeunes, dans des endroits accessibles et de manière attrayante (p. ex., fournir de la nourriture, rendre l’expérience amusante, dynamique, pertinente et originale).
  • Ne pas s’attendre à ce que chaque jeune désire le même genre d’engagement : leur présenter des choix.
  • Penser au-delà de l’idée qu’on se fait des jeunes. Trouver des moyens constructifs de susciter l’intérêt d’un large éventail de jeunes et inviter ceux-ci à exprimer leurs divers points de vue.

Mobiliser des adultes coopératifs.

Quels adultes (à l’intérieur comme à l’extérieur de votre communauté) :

  • possèdent une excellente compréhension des enseignements traditionnels et peuvent les transmettre correctement non seulement en paroles, mais par leur façon de vivre et d’interagir avec les autres ?
  • connaissent et peuvent transmettre aux jeunes les pratiques, la langue et les enseignements traditionnels auxquels ils ne pourraient autrement avoir accès ?
  • savent reconnaître, valoriser et soutenir les dons et les forces des jeunes de votre communauté, peu importent les difficultés auxquelles ils sont confrontés ?
  • inspirent confiance aux jeunes et les attirent ?
  • possèdent une bonne écoute, sont stables et fiables sur le long terme, et établissent des liens constructifs ?
  • travaillent bien avec les autres et, par leurs enseignements, développent chez les jeunes une plus grande autonomie ?
  • sont des leaders et porte-paroles efficaces ?
  • possèdent des relations qui peuvent aider à rassembler les connaissances et les ressources dont vous avez besoin pour que votre initiative réussisse ?

Les membres de votre équipe de projet n’ont pas tous besoin de posséder individuellement l’ensemble de ces compétences; toutefois, il serait souhaitable de composer une équipe dont les compétences seraient représentées dans la liste ci-dessus.

Développer des partenariats productifs, à l’intérieur comme à l’extérieur de votre communauté.

Plutôt que de se disputer des ressources limitées, des partenariats productifs peuvent aider les organismes et les groupes communautaires à faire plus avec moins. Lorsque vous établissez des partenariats, assurez-vous que les lignes de communication sont ouvertes et évitez la « dérive de la mission ». Une mission dérive lorsque les objectifs changent en fonction des besoins du bailleur de fonds ou d’autres parties intéressées. Assurez-vous que la mission et la vision du projet sont claires. Des ententes écrites (p.ex., cadre de référence ou protocole d’entente) peuvent aider à clarifier dès le début la façon dont le projet sera organisé, à qui il « appartient », comment les décisions difficiles seront prises et ce qui arrivera des données et des ressources à la fin du projet.

Les partenariats peuvent provenir de partout. Voici quelques possibilités à considérer :

  • Premièrement, tel qu’indiqué précédemment, les partenaires / leaders les plus importants de votre projet seront les membres de votre communauté qui possèdent une excellente connaissance de vos enseignements, marches à suivre et pratiques culturels. Suivre les conseils des gardiens du savoir traditionnel peut vous assurer que vous intégrerez vos enseignements non seulement dans les programmes que vous fournirez, mais également dans la façon dont votre équipe et les autres partenaires travailleront et interagiront. Ces importants conseils peuvent renforcer un sentiment d’accomplissement, et ainsi réduire le risque d’un épuisement professionnel.
  • Les écoles de votre communauté disposent de ressources, d’enseignants et de locaux financés par les fonds publics. Établir un partenariat avec les écoles est souvent un moyen efficace de rejoindre un large éventail de jeunes. Il arrive fréquemment que les écoles puissent aussi aider à compenser pour certains de vos coûts en fournissant des locaux, des fournitures, des outils et même des bénévoles. Vous pourrez même examiner comment intégrer votre travail au programme d’études, le cas échéant.
  • De plus en plus, on s’attend des sociétés et des entreprises qu’elles fassent preuve de responsabilité sociale. Vous pourriez envisager d’obtenir du soutien financier ou toute autre forme de soutien auprès du secteur des affaires, à l’intérieur comme à l’extérieur de votre communauté. Comme pour tout soutien institutionnel, assurez-vous que vos échanges sont clairs et que vous demeurez aux commandes de votre initiative. Il sera important d’avoir en mains un protocole d’entente ou tout autre document similaire.
  • Les stations radio communautaires, les réseaux sociaux et d’autres organismes sans but lucratif de votre communauté peuvent constituer d’excellents partenaires lorsque votre objectif est de recadrer le discours établi. Consultez les énoncés de vision des organismes de votre région et voyez s’ils possèdent des points de concordance avec votre initiative. Les partenariats peuvent être mutuellement profitables. Voici quelques lignes directrices qui pourraient vous être utiles au moment de former un partenariat avec un organisme médiatique : https://www.gov.mb.ca/health/mh/docs/spg.pdf
  • Souvent, les chercheurs autochtones et autres chercheurs universitaires s’intéressent à des collaborations avec les communautés des Premières Nations dans le but de développer des connaissances pertinentes et utiles pour la communauté (p. ex., la recherche communautaire ou la recherche-action participative). Ces approches de recherche peuvent être à l’origine d’initiatives locales et d’encadrement, produire de nouvelles données, mesurer et évaluer des initiatives, générer du financement et constituer un moyen de communiquer des idées utiles à d’autres communautés et auditoires. Plus important encore, ces approches de recherche doivent être menées par la communauté visée et lui appartenir; tous les produits dérivés doivent aussi lui appartenir car c’est elle qui en sera la principale bénéficiaire. Il arrive souvent que le travail des chercheurs qui se consacrent au développement de méthodes critiques, autochtones, collaboratives et de décolonisation serve de complément au travail qui se fait déjà dans la communauté. Les programmes de stage constituent un autre moyen pour les universités de collaborer de manière constructive. Les étudiants à la recherche d’une expérience professionnelle pourraient vouloir participer à votre initiative.

Prévoir diverses formes d’expression.

Recadrer le discours établi signifie que les expériences d’espoir et de résilience uniques et variées des jeunes seront plus lumineuses que le récit problématique des préjudices et des risques. Ce nouveau scénario pourra ensuite être diffusé dans le grand public. Comme cela ne peut être décidé à l’avance, cherchez divers moyens par lesquels les jeunes peuvent s’exprimer. L’expression poétique, le chant, la photographie, le tambour, la filmographie, la dance, le théâtre – il y a plus d’une façon d’aborder la question. L’important, c’est que les jeunes qui s’impliquent sachent qu’ils peuvent s’exprimer avec honnêteté et authenticité.

Fournir une structure, sans être directif.

Si l’apprentissage de diverses formes d’expression créative requiert des habiletés particulières, recherchez des moyens pratiques d’enseigner, d’encadrer et d’exercer ces habiletés. Assurez-vous qu’en bout de ligne, les jeunes seront fiers de ce qu’ils réalisent ou expriment, et faites tout le nécessaire pour garantir leur réussite. N’en faites pas trop, trop rapidement. Si personne au sein de votre équipe ne possède les compétences requises pour soutenir les formes d’expression utilisées, établissez des partenariats avec des personnes compétentes. Vous pouvez également encourager les partenariats entre jeunes, ce qui peut mener à de puissantes expériences de connexité qui influencent le discours de l’intérieur.

Commencer petit et développer à partir de là. Valoriser ce qui fonctionne déjà.

Bien que la diversité d’expression soit importante, il n’est pas nécessaire de tout faire en même temps. Pour commencer, voyez où se trouvent les lieux de créativité et d’énergie : existe-t-il un exemple de personne qui à sa façon a provoqué un changement de paradigme ou de discours ? S’agit-il d’un artiste, d’un chanteur, d’un écrivain ? Commencez là où il existe déjà quelque chose que les gens reconnaîtront comme étant significatif et efficace. Cela aidera à attirer les autres, et de là pourront ressortir diverses formes d’expression. Tenter de forcer quelque chose qui est emprunté d’ailleurs, ou qui est trop grand ou trop ambitieux, ne fonctionnera probablement pas. Il vaut mieux laisser les choses évoluer d’elles-mêmes de manière organique, selon les personnes impliquées.

Vivre selon le nouveau discours et le faire connaître de façon émotionnellement et culturellement sûre.

Un aspect des plus percutants du changement de discours, c’est être témoin du changement d’attitude des autres envers soi. Lorsque l’image que les jeunes ont d’eux-mêmes se voit réfléchie dans le regard approbateur, respectueux et compatissant des autres, cela leur fait du bien, et raffermit considérablement leur sentiment d’appartenance. Il est important d’être mesuré dans les propos que l’on tient, et aussi dans la façon de le faire et avec qui. L’avènement d’Internet signifie qu’un public plus large peut être atteint, mais par contre on ne peut exercer qu’un contrôle restreint sur notre auditoire. Quelques points à surveiller lorsqu’on utilise le nouveau discours :

  • De nouvelles identités ou visages seront-ils inclus ?
  • D’autres personnes seront-elles impliquées dans votre récit ? Savent-elles que celui-ci sera diffusé ?
  • Pouvez-vous utiliser une métaphore, un symbole ou une image pour transmettre une idée sans heurter les sentiments de quiconque ?
  • Si vous diffusez en ligne, un espace pour les commentaires est-il prévu ? Si c’est le cas, comment en assurerez-vous la modération ?
  • Qu’arrivera-t-il du discours actuel et comment le nouveau discours y sera-t-il intégré et expliqué une fois qu’il aura été diffusé plus largement?

Renforcer l’identité autochtone

Une approche de promotion de la vie commence par un engagement envers la vie sous toutes ses formes. Pour les jeunes des Premières Nations, la fierté identitaire a souvent été compromise par le colonialisme, le racisme et d’autres formes d’oppression. Soutenir une identité autochtone forte chez les enfants et les jeunes peut être un moyen très puissant et efficace de leur faire découvrir leur mission dans la vie, leur communauté et un sentiment d’espoir et de possibilité d’aller de l’avant.
L’identité autochtone est profondément liée à des lieux, des enseignements et des cultures particuliers. Il n’existe pas d’approche unique pour aider les jeunes à cet égard. Souvent, cela suppose de mettre les jeunes en contact avec les gardiens du savoir de leur communauté, particulièrement en ce qui a trait aux récits de la création, afin de déterminer comment renforcer l’identité et le bien-être de manière significative. À noter que les expériences d’apprentissage efficaces au sein des communautés des Premières Nations sont souvent et en très grande partie attribuables aux enseignements spirituels et culturels, au conte, à l’exemple et à la mise en commun d’expériences communes.

La formation Porteurs de plumes applique les connaissances et l'expérience de toute la communauté. Elle remet au présent des valeurs et des croyances comme « la vie vaut la peine d'être vécue »… Il est à souhaiter qu’avec la formation Porteurs de plumes, les individus et les communautés seront incités à promouvoir la vie plutôt que d’être « poussés » à prévenir le suicide par la criminalisation, la stigmatisation, la culpabilité et la honte.

Ed Connors, John Rice, et Debbie Wilson Danard

Le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations offre des outils conceptuels et des approches pratiques qui soutiennent l’identité autochtone. On y évoque notamment une compréhension profonde de la relation qui existe entre la personne et l’ensemble de la création :

Le terme création témoigne de la compréhension d’une vision indigène du monde selon laquelle il existe un « lien de parenté » entre la terre, les animaux, les oiseaux, les éléments physiques, l’air, l’eau, l’univers et tout ce qui existe. Tous ces « êtres » sont créés par le Grand Esprit, à l’instar des humains. Ce sont donc des parents « non humains ». Ils ont un but distinct, une identité distincte, des relations distinctes entre eux et avec les humains, de même qu’un lieu d’appartenance. Leur existence est définie par ce qu’ils sont et par leurs relations avec les humains et les autres êtres. (p. 1)

Inspirés des approches de promotion de la vie des sages pratiques mises en évidence dans ce site Web, du Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations et des documents de recherche, les sujets de réflexion et les suggestions suivants peuvent vous aider à promouvoir un fort sentiment d’appartenance chez les jeunes des Premières Nations :

Fonder votre approche sur les enseignements traditionnels – les récits de la création, en particulier.

Souvent, les enseignements traditionnels, et plus particulièrement les récits de la création, contiennent d’importants renseignements sur la façon de ressentir et d’affirmer son identité. Découvrez qui sont les gardiens du savoir traditionnel de votre communauté, et réfléchissez aux questions suivantes :

Qu’est-ce que vos enseignements (y compris les récits de la création) ont à dire à propos de ce qui suit :

  • le pourquoi de la vie ?
  • la découverte de ses dons uniques ?
  • le partage de ses dons avec les autres avec humilité mais aussi fierté ?
  • aider les autres à découvrir leurs dons et à les partager ?
  • vivre sereinement les passages de la vie ?
  • faire face à l’adversité ?
  • composer avec la perte d’un être cher ?
  • l‘interrelation avec toute la création ?
  • vos enseignements (y compris les récits de la création) contiennent-ils autre chose qui puisse aider les jeunes à se connecter à la vie à travers leur identité autochtone ?

Réfléchir à la valeur des mots et à leur façon de connecter les jeunes à la vie et à la communauté.

Les mots que nous utilisons véhiculent certaines thèses, croyances, valeurs et attentes. L’identité en tant que source de fierté et d’appartenance est un sentiment qui peut être renforcé lorsqu’on prend conscience de la valeur des mots que nous utilisons. Une approche de promotion de la vie est une approche qui utilise « le langage de la vie », tout en reconnaissant que la mort et les épreuves font aussi partie de la vie. Les langues autochtones permettent d’accéder à des vérités importantes sur la manière de bien vivre; souvent, ces vérités ne peuvent s’exprimer avec justesse en français.

Il pourrait être utile de réfléchir à ce qui suit concernant la langue :

  • En supposant que toute personne a droit à une longue vie, l’expression « mort prématurée » peut se substituer avantageusement au mot « suicide ». Le concept de « mort prématurée » fait référence à la vie qui se termine avant d’avoir atteint son plein potentiel; il nous aide à considérer toute la durée de la vie, pas seulement un seul moment.
  • L’expression « promotion de la vie » peut illustrer avantageusement le désir de faire vivre aux jeunes une expérience vivante qui parle de la vie, non pas simplement éviter de mourir (comme le suggère l’expression « prévention du suicide »).
  • Les jeunes peuvent être accoutumés d’entendre des histoires qui parlent de préjudice ou de la difficulté d’être autochtones avec, en arrière-plan, des stéréotypes racistes ou des malentendus sur l’oppression colonialiste. Raconter des histoires inspirées de leurs propres culture et langue autochtones et qui parlent de la sagesse et de la force des peuples autochtones peut être très significatif.
  • D’importants concepts tirés de vos enseignements peuvent être transmis avec la plus grande justesse dans votre propre langue (non traduits en anglais ou en français). Dans la mesure du possible, discutez de ces concepts avec les mots utilisés traditionnellement pour en parler, dans la langue de votre peuple.

Développer des partenariats pour soutenir vos initiatives.

Pour des conseils, voir Développer des partenariats, à l’intérieur comme à l’extérieur de votre communauté sous la section « Recadrer le discours » du présent Guide d’intervention.

Permettre de faire de nouvelles expériences.

L’apprentissage expérientiel est le procédé recommandé pour permettre aux jeunes des Premières Nations de faire l’expérience de leurs propres enseignements culturels et de leur identité. Les moyens d’apprentissage par l’expérience sont sans limite, mais voici quelques éléments clés à considérer:

  • Donner l’occasion de communier avec la nature.
  • Créer diverses occasions d’apprendre par l’exemple (p.ex., entre les générations, entre professeurs et élèves).
  • Fournir aux élèves des moments de réflexion sérieuse sur des sujets intéressants qui pourront les aider à intégrer leurs expériences de façon unique dans leur vie personnelle.
  • Utiliser des rituels qui sont significatifs pour votre communauté afin de faire assimiler les expériences d’apprentissage qui se déroulent.

Utiliser des moyens de diffusion, de communication et d’évaluation fondés sur vos enseignements.

Selon vos enseignements et pratiques particuliers, les cercles de partage ou les contes/histoires peuvent constituer des moyens utiles pour obtenir une rétroaction sur votre démarche.

Pour plus de détails sur l’évaluation, voir la section « Évaluer les initiatives de promotion de la vie » à la fin de ce guide d’intervention.

Être sensible à la culture

Il n’existe pas d’approche de prévention du suicide particulière qui se soit révélée efficace pour tous, dans tous les contextes. Il en découle que toute approche de promotion de la vie ou de prévention du suicide doit être adaptée à la culture de la communauté où on l’applique. Dans les communautés autochtones, cela signifie généralement qu’il faut porter une attention particulière à la sagesse culturelle locale, aux enseignements et aux pratiques qui se sont révélés utiles pour vivre les moments difficiles.

Mon travail consiste à rappeler aux peuples autochtones les ressources de la communauté et à les guider dans la reconnaissance et le développement de leur ressource la plus précieuse : eux-mêmes.

Jenz Malloway

Le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations offre des outils conceptuels et des moyens pratiques permettant de mettre au point des approches adaptées à la culture qui favorisent le bien-être. Voici comment le Cadre explique ce qu’est la culture :

Il existe de nombreuses façons de concevoir la culture. En général, on la décrit ainsi :

  • elle prend racine dans le récit de la création de chacune des familles linguistiques autochtones et se préserve à travers les structures de leur savoir sacré;
  • elle est fondée sur le fait que le principe de la création se répète à l’infini dans tous les aspects de la vie;
  • perpétuée de génération en génération, elle se recrée pourtant par les interactions des individus avec un monde en mutation;
  • reconnaissable par la langue, le territoire et le statut de nation, elle s’exprime dans les sphères spirituelle, émotionnelle, psychologique et physique par des valeurs, des relations et de façons de faire et d’être uniques;
  • dynamique, toujours en évolution, elle se recrée par les interactions de la personne avec le monde et se traduit par diverses manières de nommer et de comprendre la réalité;
  • elle repose sur des symboles reconnaissables comme la langue, l’habillement, la musique et les comportements;
  • elle est apprise et transmise de génération en génération, et varie selon les expériences et l’environnement d’une génération ou d’un individu; et
  • elle est inclusive et embrasse tous les aspects de la vie d’un individu. (p. 34)

Inspirés des approches de promotion de la vie mises en évidence dans ce site Web, du Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations et des documents connexes, les sujets de réflexion et les suggestions suivantes peuvent vous aider à réaliser des interventions adaptées à la culture de votre communauté:

Former et accompagner une équipe de réponse aux crises et de promotion de la vie diversifiée.

Les personnes qui s’offrent pour aider les autres en temps de crise en tirent également satisfaction. Fournir des soins et du soutien aux autres est généralement une expérience enrichissante pour la personne qui prodigue les soins. Assurez-vous de soutenir convenablement votre équipe pour qu’elle puisse bien servir votre communauté, et aussi grandir et guérir tout au long de la démarche. Voici quelques suggestions :

  • Offrir de la formation continue et du perfectionnement professionnel fondés sur la culture.
  • Exprimer régulièrement et de diverses façons votre appréciation et votre gratitude.
  • Reconnaître leur savoir-faire et leurs dons.
  • Déterminer de quelle manière ces personnes aimeraient s’impliquer, et les soutenir pour qu’elles puissent atteindre leurs objectifs.
  • Faire preuve de souplesse, car les membres de votre équipe doivent aussi composer avec les aléas de la vie.
  • Plaider pour qu’ils obtiennent des titres de compétence ou une reconnaissance pour leur travail, le cas échéant.
  • Lorsque des membres de votre équipe passent à autre chose, continuer de les contacter en signe de gratitude pour le rôle qu’ils ont joué.

S'appuyer sur les ressources communautaires existantes et les traditions culturelles.

Vous (et votre équipe) n’avez pas à faire cela tout seuls. Voir Développer des partenariats, à l’intérieur comme à l’extérieur de votre communauté pour des idées sur l’utilisation des ressources existantes qui peuvent vous aider dans votre travail.

Organiser le travail selon la façon autochtone d’apprendre.

La culture s’exprime par la langue, les récits de la création, la relation avec le territoire, les personnes, les animaux et le savoir transmis par les ancêtres, lequel se transforme avec le temps. Comment cette sagesse peut-elle inspirer la promotion de la vie dans votre communauté ? Voici quelques questions de réflexion pour vous orienter dans votre démarche :

  • Que savons-nous du parcours de l’esprit à chaque étape de la vie ?
  • À quels passages ou étapes de la vie serait-il avisé de soutenir l’esprit ?
  • Dans ces moments-là, à quels pratiques ou rituels pouvons-nous recourir pour soutenir l’esprit?
  • Qui dans votre communauté peut célébrer des cérémonies, et nous aider avec les démarches ?
  • Où va l’esprit après son passage vers l’au-delà ? Comment le soutenir ?
  • Y a-t-il des dates ou des moments importants où les survivants auront besoin de soutien après le décès d’un être cher ? Comment les soutenir ?
  • Y a-t-il des concepts, des mots ou un langage qui peuvent nous aider à mieux comprendre certains de ces enseignements ou pratiques ?
  • Y a-t-il des lieux ou des sites importants à visiter ? Existe-t-il des médecines sacrées que nous pouvons récolter ou utiliser pendant ces pratiques ?
  • Qui sont les gardiens du savoir pouvant nous aider à approfondir ces enseignements et autres ?

Déceler les dons et les talents des gens et les mettre à profit à l’occasion de la perte d’un être cher.

Après un suicide, un engagement sérieux et respectueux constitue un travail relationnel et émotionnel. Pour faire ce travail à long terme, il vous faut une équipe. Compte tenu de la gamme des habiletés requises, vous devez former votre équipe en fonction des talents et dons uniques de chacun. Cela assurera sa viabilité à plus long terme. Voici quelques habiletés et talents utiles pour votre équipe :

  • connaissances, enseignements, rites et langues traditionnels
  • cérémonies culturelles (incluant des pratiques culturelles entourant la mort)
  • communications
  • réseaux sociaux
  • soutien affectif
  • organisation et logistique
  • finances
  • conduite automobile
  • préparation des aliments
  • etc.

Adapter les connaissances occidentales lorsque utile et approprié.

Bien que les enseignements autochtones soient au cœur de ce travail, en matière de prévention du suicide et de promotion de la vie, certaines communautés ont obtenu de bons résultats en combinant les démarches et approches occidentales aux façons autochtones de savoir et d’apprendre. Lorsque vous faites des adaptations, faites-les correctement et dans le souci de la spécificité de la communauté concernée. La généralisation ou la simplification excessive des façons de savoir et d’apprendre autochtones ne sont ni efficaces ni appropriées. Tel que suggéré ci-dessus, mettez à profit la langue, les enseignements et la culture locaux pour élaborer des démarches et approches judicieuses et pratiques dans votre communauté.

Reconnaître qu’une postvention adaptée à la culture est aussi de la prévention.

La postvention adaptée à la culture renseigne les gens sur la vie et la mort, les relie entre eux et avec le monde des Esprits, contribuant ainsi à soutenir la continuité culturelle tout au long du cycle de la vie. Lorsque la postvention repose sur la vision du monde d’une communauté et qu’elle intègre les approches traditionnelles à la guérison, elle peut constituer une forme de prévention au fil du temps puisqu’elle renforce la santé et la résilience de la communauté. Le rituel se fait à l’intérieur d’un cadre qui permet à la personne toute entière, le mental, le corps et l’esprit, de s’adapter à l’expérience. Une pratique ancrée dans la culture peut également soutenir un processus de deuil sain et protéger contre le risque de nouveaux traumatismes.

Tel que l’ont affirmé Connors, Rice et Leenaars (en parlant notamment des pratiques de postvention ojibwé) :

En termes simples, nous pouvons tirer des enseignements positifs de mauvaises expériences. Le rituel se fait à l’intérieur d’un cadre qui permet à la personne toute entière, le mental, le corps et l’esprit, de s’adapter à l’expérience. (p.)

Prendre soin des jeunes de la communauté

Une approche de promotion de la vie qui englobe la communauté prend soin non seulement des jeunes de la communauté, mais de la communauté toute entière. Cela se traduit par le renforcement des liens entre les personnes, la famille, le territoire et la culture. Une approche de promotion de la vie conçoit le risque de suicide dans le contexte de tout un processus vivant qu’il vaut mieux aborder collectivement, de la façon la plus susceptible de perdurer dans le temps. Cela signifie que nous devons prodiguer des soins compatissants à ceux qui souffrent, tout en continuant de travailler à changer les régimes oppressifs et les structures colonialistes qui créent des inégalités envers les peuples autochtones et les communautés.
Cela ne signifie pas que ceux qui vivent dans le désespoir suicidaire ne méritent pas d’avoir accès à une gamme complète de ressources et à des services de santé mentale de qualité. Cela signifie simplement que pour ceux qui souffrent, participer activement à la culture et aux cérémonies peut apporter d’importantes solutions pour redonner le goût à la vie. En reconnaissant les dons des jeunes et en misant sur leur sagesse et leurs talents, ceux-ci peuvent commencer à se percevoir en tant qu’importantes ressources pour leur communauté. Par leur participation active, ils peuvent à leur tour aider les autres à reprendre contact avec eux-mêmes, leur communauté, leur culture et la vie.

Je voulais être cette personne dont j’ai tant eu besoin quand j’étais jeune. Et c’est ce que je suis devenue… Je dis ceci aux jeunes : Vous avez un but, tout ce qui vous reste à faire c’est de le trouver et de le passer aux autres.

Pierette SetteeCumberland House Nation crie

Le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations offre des outils conceptuels et des approches pratiques pour prendre soin aussi des jeunes de la communauté. La promotion de la vie et du mieux-être en général, ne peut être traité isolément : une approche holistique ou globale est nécessaire pour comprendre l’interdépendance qui existe entre les gens et leur habitat. Voici un extrait du cadre à ce sujet :

Le mieux-être mental, qui est nécessaire à une vie saine sur le plan individuel, familial et communautaire, doit être adapté au contexte des Premières Nations pour qu’il soit appuyé par la culture, la langue, les aînés, les familles et la création. Pour les Premières Nations, l’atteinte d’un bon état de santé global (mieux-être physique, mental, émotionnel, spirituel, social et économique) passe par l’adoption d’une approche exhaustive et coordonnée qui respecte, valorise et utilise leurs façons d’apprendre, leurs langues, leurs méthodes et leurs connaissances culturelles. (p. 6)

Inspirés des approches de promotion de la vie mises en évidence dans ce site Web, du Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations et de la documentation de recherche, les sujets de réflexion et les suggestions suivants peuvent vous aider à prendre soin des jeunes de votre communauté :

Encourager activement le leadership chez les jeunes : il ne suffit pas d’être à l’affut.

Reconnaissez les talents de tous les jeunes de votre communauté, particulièrement de ceux qui éprouvent des difficultés. N’attendez pas de voir des leaders qui « émergent tout naturellement », mais encouragez le leadership chez ces jeunes qui pourraient ignorer posséder cette qualité :

  • Y a-t-il des jeunes de votre communauté qui semblent avoir des difficultés ? Avec qui sont-ils en contact et en confiance ? Comment entrer en contact avec eux ?
  • Quels sont leurs intérêts ? Peut-on organiser des moments de rencontre pour qu’ils puissent venir parler de leurs intérêts ?
  • Pouvez-vous amener ces jeunes à s’impliquer de façon importante dans l’organisation de ces rencontres ? Existe-t-il des moyens de les impliquer non seulement dans l’organisation mais aussi dans l’animation de ces rencontres afin que, petit à petit, ils se les approprient ?
  • Comment les mettre en contact avec les gardiens du savoir ancestral pour s’assurer que les enseignements traditionnels font partie de leur expérience ?

Mettez davantage l’accent sur la cocréation d’expériences culturelles riches que sur la « prestation de services ». Plus les jeunes s’impliqueront, plus ils sortiront enrichis de leur expérience.

Élargir les capacités des jeunes. Apprendre par la pratique.

« Mené par des jeunes » ne veut pas dire que les jeunes doivent faire arriver les choses tout seuls. Assurez-vous qu’on leur donne les outils dont ils ont besoin pour réussir et l’encadrement nécessaire pour perfectionner les habiletés qui leur permettront d’élargir leurs capacités :

  • Commencer lentement, quelle que soit l’initiative. Lorsque les enjeux sont peu élevés, prendre des risques est moins insécurisant et les jeunes pourront sortir tranquillement de leur zone de confort. Quand ils auront obtenu de petites victoires, ils pourront assumer davantage de responsabilités et de leadership dans leur communauté.
  • Autant que possible, éviter de faire une distinction entre ceux qui contribuent quelque chose au programme et ceux qui y participent. Assurez-vous que chacun a son rôle à jouer à diverses étapes du projet.
  • Reconnaître que l’encadrement peut se faire dans tous les sens : Quels sont les talents, habiletés et passions des jeunes de votre communauté ? Comment pouvez-vous contribuer à la création de plateformes qui leur permettront de partager leurs talents, habiletés et passions avec les autres ?
  • Ne soyez pas trop directif. Cela ne veut pas dire que vous deviez laisser les jeunes sans aucune direction, mais vous assurer que ce sont eux qui décident de la direction à prendre et qu’ils savent que vous êtes là pour les soutenir tout au long de la démarche.
  • Soyez un modèle de comportement. Avoir des modèles de comportement, surtout des aînés, peut donner de l’espoir et une direction aux jeunes.
  • Soyez indulgent envers les jeunes; ils apprendront de leurs erreurs.
  • Si possible, voir si les initiatives poursuivies peuvent donner droit à des attestations ou des formations.
  • Dans la mesure du possible, payer les jeunes ou les rémunérer de quelque façon pour leur temps de travail.

S’assurer que la communauté soutient les initiatives menées par les jeunes.

Lorsqu’on donne aux jeunes l’occasion de diriger, ils peuvent se sentir obligés de faire arriver les choses tout seuls. Comment l’ensemble de la communauté peut-elle alléger leur fardeau et soutenir leurs initiatives ? Quels partenaires de la communauté peuvent leur venir en aide ?

  • Quels enseignements culturels, y compris les langues, les contes, les rituels et les pratiques, peuvent encourager le leadership parmi les jeunes de la communauté ? Qui dans la communauté possède ces connaissances et comment les mettre en lien avec les jeunes en quête de savoir ?
  • Les leaders /gouvernement peuvent-ils donner accès à des locaux, de la formation ou du matériel ?
  • Y a-t-il des entreprises à proximité pouvant parrainer les efforts de financement ?
  • Peut-on demander aux écoles de rejoindre un plus grand nombre de jeunes ou d’intégrer à leurs programmes d’études des éléments à saveur culturelle ou autres ?
  • Des fournisseurs de services pourraient-ils créer des partenariats avec les jeunes responsables d’initiatives afin de leur offrir des conseils, du soutien et, tôt ou tard, du financement ou des ressources ?
  • Y a-t-il des événements ou des pratiques culturelles dans votre communauté qui pourraient rapprocher les générations ?
  • Lorsque de la formation ou des activités culturelles sont offertes, est-il possible d’y envoyer plusieurs membres de votre communauté, incluant à la fois des jeunes et des adultes ?
  • Les jeunes et les aînés de votre communauté ont-ils la possibilité de tisser des liens positifs entre eux ?
  • Y a-t-il d’autres façons de mettre en place une communauté de soutien continu autour des initiatives menées par les jeunes dans votre communauté ?

Développer un réseau de soutien entre diverses communautés.

Bien que chaque communauté soit unique, nombre d’entre elles font face à des défis similaires. Il peut être particulièrement avantageux pour les communautés rurales et isolées de faire du réseautage avec d’autres communautés des Premières Nations. Apprendre de l’expérience des autres communautés (voir des exemples fournis dans ce site Web), transmettre des idées et des expériences à d’autres communautés et mettre les ressources en commun sont des moyens pour votre communauté d’élargir sa capacité de prendre soin de ses jeunes. Particulièrement face aux obstacles, le réseautage entre communautés permet de maintenir l’espoir et l’enthousiasme.

  • Quelles sont les autres communautés des Premières Nations de votre région ? Quels points avez-vous en commun ? Qu’avez-vous à offrir d’unique ?
  • Avez-vous d’autres contacts personnels ou professionnels dans d’autres communautés de votre région ? Comment les rejoindre ?
  • Existe-t-il un organisme central (organisationnel ou gouvernemental) qui puisse vous mettre en contact avec d’autres communautés de votre région ? Cet organisme pourrait-il vous aider à vous rencontrer (chaque mois, par exemple) pour aider les jeunes de la communauté ?
  • Par quels autres moyens pouvez-vous créer un rapprochement entre les adultes et les jeunes de chacune des communautés de votre région ? Pouvez-vous tenir des réunions virtuelles ? Comment pouvez-vous apprendre des expériences de chacun et vous aider les uns les autres à aller de l’avant ?

Tirer profit des défis qui se présentent.

Sous la rubrique « Mettre toutes les chances de son côté » du présent Guide d’intervention, les étapes importantes d’une bonne compréhension du contexte historique et politique des questions que vous désirez aborder sont indiquées, y compris le lourd héritage de la colonisation et ses effets persistants. Toutes les communautés sont confrontées à des défis bien réels qui parfois se soldent par un échec lorsqu’on veut prendre soin des jeunes de la communauté dans le cadre du travail de promotion de la vie.

Toutes les stratégies abordées ci-dessus (encourager le leadership, élargir les capacités, s’assurer du soutien de la communauté et développer le réseautage entre les communautés) renforcent notre capacité de maintenir le cap en cas de défis réels.

  • Lorsqu’un obstacle surgit, comment trouver le côté positif ?
  • Qu’est-ce que les échecs peuvent nous apprendre sur les besoins de notre communauté ? Y a-t-il des enseignements qui peuvent nous montrer comment apprendre de ces expériences et nous faire grandir ?
  • Comment pouvons-nous créer collectivement une vision qui nous aide à surmonter les problèmes ?
  • Comment pouvons-nous suivre les progrès – y compris les revers – afin de continuer à avancer vers notre objectif ?
  • Comment avoir accès à d’importants enseignements et aux gardiens du savoir pour nous guider dans les moments difficiles ?

Comment transmettre aux autres les leçons tirées de nos problèmes, comment être transparents dans notre démarche et élargir notre capacité d’avancer en dépit de circonstances difficiles ?

Réduire la toxicomanie

Une approche de promotion de la vie reconnaît que la toxicomanie et le suicide sont des réactions à un environnement problématique et à un contexte historique d’oppression, de violence et d’injustice. Autrement dit, l’augmentation des taux de suicidalité et de mésusage de substances chez les jeunes des Premières Nations ne peut être comprise hors du contexte historique de la colonisation (l’installation de colons européens), laquelle a eu pour effet de couper les liens entre la population et le territoire, la culture, les enseignements et les rapports humains.

Les nouvelles études démontrent que les approches de nature holistique qui misent sur la culture, l’identité et la résilience communautaire sont très prometteuses. Ainsi, la réduction de la consommation problématique de substances n’est pas étrangère à la promotion de la vie et à la prévention du suicide : le plus souvent, les deux vont de pair.

Cette approche à la promotion de la vie considère que les comportements (comme l’alcoolisme ou l’automutilation) sont des façons de réagir à certaines expériences. Les approches qui encouragent  chez les jeunes l’espoir, le sentiment d’appartenance et la recherche de sens et d’un but dans la vie favorisent la croissance et le rétablissement. Cette approche appréhende la personne dans sa globalité et dans son contexte historique et sociopolitique. Elle reconnaît que les individus sont parties intégrantes de la communauté toute entière, et que cette communauté doit également être soutenue :

Dans toute la démarche, ce qui pour moi est le plus important c’est que non seulement l’apprenant se sent appuyé, mais aussi la personne qui donne la formation [Monteurs de bison]. C’est ce qui aide la communauté a élargir ses capacités et donner une plus grande autonomie aux gens. Il faut livrer des programmes qui sont d’abord et avant tout adaptés à la culture, et qui répondent aux besoins des jeunes de la communauté. Qui sait cela mieux que les gens qui vivent et travaillent dans la communauté ?

Nora Bressette

Le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations offre des outils conceptuels et des approches pratiques pour réduire la consommation problématique de substances en tant que moyen de promouvoir la vie. Voici un extrait du Cadre à ce sujet :

Le Cadre met l’accent sur le concept général du mieux-être mental plutôt que sur celui de la maladie mentale. Le mieux-être mental est appuyé par des facteurs comme la culture, la langue, les aînés, les familles et la création. Il est nécessaire à une vie saine sur le plan individuel, familial et communautaire. Pour les Premières Nations, l’atteinte d’un bon état de santé global (mieux-être physique, mental, émotionnel, spirituel, social et économique) passe par l’adoption d’une approche coordonnée et exhaustive qui respecte, valorise et utilise leurs façons d’apprendre, leurs langues, leurs méthodes et leurs connaissances culturelles.

Inspirés des approches de promotion de la vie mises en évidence dans ce site Web, du Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations et de la documentation de recherche, les sujets de réflexion et les suggestions suivants peuvent vous aider à travailler à la réduction de la consommation problématique de substances dans votre communauté en tant que moyen de promouvoir la vie :

Comprendre le lien entre le mésusage de substances, le suicide et la colonisation.

La consommation problématique de substances et le suicide sont deux des nombreux problèmes auxquels font face certaines communautés des Premières Nations. Pris ensemble, on peut comprendre que ces problèmes ont été précipités par la détresse, la pauvreté et la discrimination provenant du colonialisme (l’installation de colons européens) et de son tragique héritage. Lorsque les populations autochtones ont été coupées du territoire, des enseignements, des pratiques traditionnelles et des communautés, les taux de consommation problématique de substances et de suicide ont souvent grimpé.

Voyez comment votre initiative de prévention pourrait se concentrer sur certaines de ces causes profondes. À quel connaissances, enseignements et ressources aurez-vous besoin d’avoir accès pour être en mesure d’intervenir sur ces questions dans votre communauté ?

Adapter vos initiatives à la culture.

Vous possédez un ensemble de connaissances et d’enseignements sur lesquels vous pouvez fonder votre initiative pour qu’elle soit significative et pertinente pour votre communauté. Voir Fonder le travail sur les façons autochtones de savoir et d’apprendre pour des idées sur comment assurer que votre initiative sera adaptée à la culture dès le début.

Miser sur des processus qui promeuvent le bien-être et non seulement certains effets, facteurs de risque ou enjeux.

De nombreux programmes et modèles de financement s’articulent autour d’enjeux distincts (tels que la « prévention du suicide » ou la « toxicomanie »), ce qui peut rendre difficile l’élaboration d’une initiative axée sur la globalité de la personne et la résilience communautaire. Il existe cependant des ressources qui peuvent vous aider à trouver les mots et les méthodes nécessaires pour plaider en faveur d’une approche holistique à la guérison et au rétablissement. Voir Le pouvoir guérisseur de la culture pour des moyens concrets pour favoriser le mieux-être dans les communautés des Premières Nations.

Si vous avez besoin de rédiger une proposition ou d’élaborer un programme, ou encore si vous devez présenter un argumentaire en faveur d’approches holistiques, adaptées à la culture, allez à la rubrique Bibliographie annotée de ce site Web pour consulter certains documents de recherche pouvant vous aider à soutenir votre thèse.

Déterminez comment les modalités de mise en œuvre de votre programme correspondent aux valeurs indiquées. Par exemple :

  • Comment les pratiques et les enseignements culturels vous aident-ils, vous et votre équipe, non seulement avec le contenu du projet que vous développez, mais aussi avec votre façon de travailler ensemble ?
  • Comment créez-vous un environnement favorable et sécuritaire pour votre personnel et vos bénévoles ?
  • La manière dont vous mesurez le succès et évaluez votre initiative correspond-elle aux valeurs qui la sous-tendent ?
  • De quelle autre manière pouvez-vous incarner le bien-être dans vos actions auprès des jeunes de votre communauté ?

Favoriser le développement de modèles de comportement, de mentors et de relations saines au sein de votre communauté.

Il peut se révéler très important pour un jeune d’entretenir une relation de confiance avec quelqu’un, ou du moins avoir accès à une personne qui selon lui vit de façon saine. Si par exemple une personne recherche la sobriété, il peut être intéressant pour elle de connaître un adulte sobre en qui elle peut avoir confiance. Maintenant cela à l’esprit, aider les populations locales de votre communauté à promouvoir votre projet peut favoriser l’établissement de relations durables et de capacités communautaires qui se maintiendront bien après la fin d’un programme limité dans le temps. Voir Mobiliser des adultes coopératifs pour plus d’idées sur la façon de repérer et de mobiliser des modèles de comportement et des mentors.

Sachant cependant que ces personnes auront aussi besoin de soutien, de quelles façons pouvez-vous :

  • mettre en place suffisamment de structures pour leur donner l’assurance qu’elles pourront réussir, et leur laisser assez de latitude pour qu’elles puissent mettre leurs talents à profit dans leur travail ?
  • encourager l’établissement de relations entre eux pour favoriser une communauté de soutien ?
  • veiller à ce que les lignes de communication soient ouvertes dans toutes les directions ?
  • offrir des possibilités de débreffage, de suivi et de développement continu des compétences et des connaissances ?

Adopter des approches qui favorisent la résilience communautaire.

Lorsqu’on met en contexte la consommation problématique de substances et le suicide, on comprend l’évidence d’accorder la priorité au bien-être et à la résilience des communautés. Les interventions au niveau de la communauté peuvent bénéficier de partenariats et d’un soutien durable. Pour des idées sur la formation de partenariats significatifs et stratégiques, voir Développer des partenariats, à l’intérieur comme à l’extérieur de votre communauté.

Cela étant dit, il est important de reconnaître que les communautés sont composées de personnes et qu’avec le temps, toutes les stratégies énumérées précédemment peuvent contribuer à la résilience communautaire.

Régénérer les systèmes alimentaires autochtones comme voie vers le mieux-être communautaire

Pour les peuples autochtones, les pratiques alimentaires ont été « une bouée de sauvetage pour la survie culturelle, émotionnelle et physique au fil de plusieurs générations » (Mihesuah, 2017, p. 20). Ainsi, la production alimentaire est un mode de vie – pas seulement un moyen de gagner sa vie. Il est également lié à un concept plus large de santé et de mieux-être qui inclut le bien-être spirituel et mental impliquant un lien plus profond avec les ancêtres, favorisé par la nourriture et les pratiques liées à la terre. En outre, les pratiques alimentaires traditionnelles peuvent être un outil vital pour faire face aux défis de la pauvreté et d’autres formes de marginalisation qui conduisent à l’insécurité alimentaire.

La résurgence des pratiques alimentaires est une passerelle vers les enseignements, la spiritualité, la langue et des relations significatives avec la terre et les autres êtres. La nourriture n’est pas uniquement une question de nutrition. Pour de nombreux peuples autochtones, il s’agit de relations écologiques sacrées avec d’autres êtres humains et non humains.

De toutes ces manières, la régénération des systèmes alimentaires autochtones relie les jeunes à un but, à l’espoir, au sens et à l’appartenance – et à son tour avec la vie et le vivre ensemble.

La nourriture est au centre de chaque cérémonie et célébration. Construire une communauté avec de la bonne nourriture.

Erica WardNatoaganeg Community Food Centre, Première Nation d'Eel Ground

Le Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations fournit des outils conceptuels et des approches pratiques pour tracer la voie de la régénération des systèmes alimentaires autochtones en tant que voie vers le bien-être communautaire. Bien qu’il n’y ait certainement pas de plan directeur, car il sera différent dans chaque communauté et pour chaque personne, il existe des principes communs qui peuvent clarifier la façon d’aller de l’avant.

Voici ce que le Continuum nous enseigne :

Les aliments traditionnels sont un médicament important pour la promotion de la santé et le développement communautaire car :

  • Ils nous nourrissent car ils proviennent de notre Mère la Terre et ses semblables au sein de la Création.
  • Lorsqu’ils sont partagés dans les fêtes communautaires, ils facilitent les relations visant le mieux–être individuel, familial et communautaire.
  • Les fêtes cérémoniales facilitent les relations avec la Création et avec les ancêtres, qui sont nécessaires au bien-être de la communauté.
  • Les fêtes communautaires et cérémoniales promeuvent les valeurs culturelles de partage et d’entraide.
  • Les fêtes communautaires et cérémoniales favorisent une compréhension de la vision du monde autochtone. (p. 15)

Sur la base des approches de promotion de la vie mises en évidence sur ce site, le Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations, et la littérature connexe, ces questions et suggestions de réflexion peuvent vous aider à régénérer les systèmes alimentaires autochtones comme voie vers le mieux-être dans votre communauté :

Connecter activement les aînés et les gardiens du savoir avec les enfants et les jeunes

En raison de l’imposition coloniale, de nombreux jeunes peuvent ne pas avoir accès aux compétences liées à la récolte, à la transformation et à la conservation des aliments ou à d’autres pratiques alimentaires culturelles, y compris les rituels connexes. Le fait de mettre en relation les enfants et les jeunes avec des aînés et d’autres personnes qui portent ces connaissances est un moyen de revitaliser les pratiques alimentaires dans votre communauté :

  • Existe-t-il déjà des programmes formels grâce auxquels ces liens peuvent avoir lieu, en particulier s’il y a une compensation pour les aînés et les gardiens du savoir?
  • Une série d’ateliers spécifiques aux pratiques alimentaires traditionnelles pourrait-elle être un moyen pour les membres de la communauté d’acquérir un développement professionnel ou personnel précieux?
  • Existe-t-il déjà des moyens informels entre les aînés et les gardiens du savoir dans votre communauté? L’apprentissage des pratiques alimentaires traditionnelles peut-il être intégré à ces moments? Est-ce que davantage de personnes peuvent être activement invitées au sein de ces espaces ?

Intégrer les pratiques alimentaires traditionnelles dans la programmation et les événements existants

Plutôt que de considérer la régénération des pratiques alimentaires comme une initiative distincte, il existe de nombreuses façons de l’intégrer dans des programmes ou événements existants. Cela peut éventuellement être « augmenté » si les ressources, le temps et la capacité le permettent :

  • Est-il possible de servir des aliments traditionnels un jour par semaine à la garderie? Les populations locales peuvent-elles être soutenues pour s’approvisionner et fournir la nourriture?
  • Avez-vous un curriculum saisonnier à l’école et / ou à la garderie? Cela peut être réalisé en invitant les pêcheurs traditionnels à enseigner ce qu’ils font, en amenant les enfants sur la terre avec eux, en apprenant des danses et des chants liés à ces pratiques, en invitant les aînés à devenir des conteurs.
  • Certains membres de la communauté assument-ils déjà certaines des tâches particulières liées aux pratiques alimentaires (comme fumer du poisson, récolter les palourdes, sécher la viande ou cueillir des baies)? Dans l’affirmative, les enfants et les jeunes peuvent-ils être encadrés pendant ces périodes? Peuvent-ils obtenir des crédits scolaires pour leur participation?
  • Y a-t-il déjà des « soirées culturelles » ou des rassemblements réguliers dans votre communauté, dans lesquels vous pouvez inclure la participation à des pratiques alimentaires traditionnelles dans ce que vous faites ensemble?
  • Y a-t-il la possibilité d’une chronique régulière sur la revitalisation des pratiques alimentaires traditionnelles dans votre journal communautaire, y compris peut-être des recettes?
  • Le mieux-être traditionnel et les autres services de santé peuvent-ils intégrer les aliments traditionnels dans la prestation de leurs programmes ?
  • Y a-t-il des événements communautaires pour lesquels des bénévoles sont nécessaires, et au sein desquels la coordination de ceux-ci intègre les pratiques alimentaires traditionnelles ?

Envisagez des partenariats créatifs

Il peut être utile de créer des partenariats créatifs avec des organisations ou des groupes afin de renforcer les capacités autour des pratiques alimentaires. D’une part, une mise en garde ici pourrait être de veiller à ce que l’objectif de l’organisation partenaire n’interfère pas avec les intérêts de votre propre communauté concernant la revitalisation de vos propres pratiques alimentaires traditionnelles. D’un autre côté, commencer par mettre l’accent sur l’accès à des aliments sains en général peut être une excellente première étape vers une approche progressive vers la revitalisation des pratiques alimentaires autochtones dans votre communauté. Votre communauté peut décider quel point de départ est le mieux adapté.

Voir « Le développement de partenariats productifs » dans la section « Recadrer le discours » de ce guide d’action pour obtenir des conseils.

Développer et entretenir des relations avec la terre

L’accès à la terre et les droits aux pratiques basées sur la terre sont vitaux pour régénérer les pratiques alimentaires autochtones.

Voir « Développer et entretenir des relations avec la terre » dans la section « Guérison par la culture » de ce Guide d’action pour obtenir des conseils.

Les connaissances autochtones au coeur de la réforme des programmes et services

Les concepts autochtones de santé et de bien-être ont toujours été holistiques. Cela comprend une reconnaissance profonde que les déterminants les plus puissants de la santé et du mieux-être sont liés à la qualité des relations que les gens entretiennent, à la santé globale de la terre / de l’environnement et à l’accès aux ressources pour bien vivre.

Les connaissances autochtones sont liées au lieu ; elles sont spécifiques à la communauté et ancrées dans la terre. Ces dernières années, des efforts concertés ont été déployés pour réformer les services de santé et les services sociaux de manière à mettre les connaissances autochtones au cœur de ceux-ci – on parle parfois de programmes d’autochtonisation. Pour que les pratiques et les services soient éclairés de manière significative par les connaissances autochtones, les membres de la communauté de tous âges – y compris les gardiens des connaissances traditionnelles – doivent diriger le processus de création et / ou de réforme des programmes et des services dès le début.

Notre projet essaie de sortir du modèle basé sur le déficit en renforçant les connaissances traditionnelles pour assurer la sécurité et le bien-être des enfants. Mettre l'accent sur le lien avec la terre, ramener les jeunes en contact avec la terre et les aînés. C'était la base dans une certaine mesure - c'était la vision de la communauté.

Travis Holykservices familiaux carriers sekanis (Carrier Sekani Family Services)

Le Continuum du mieux-être mental des Premières Nations offre des outils conceptuels et des approches pratiques pour tracer la voie vers les connaissances autochtones au cœur de la réforme des programmes et des services. Le processus et la programmation qui en résultent doivent centrer les connaissances, les enseignements et les pratiques spécifiques à la culture, à la terre et à la langue de la communauté qui les développe. Cela dit, il existe des thèmes communs qui peuvent guider les communautés dans la poursuite de ce travail.

Voici ce que nous enseigne le Continuum :

Il est essentiel pour le développement et la prestation continue de services communautaires culturellement appropriés d’utiliser les connaissances et les compétences autochtones et d’aider la communauté à s’engager dans des pratiques et activités culturelles et traditionnelles. Les initiatives qui favorisent et encouragent l’éducation intergénérationnelle collaborative, l’échange de connaissances et la participation communautaire facilitent également le mieux-être. Lorsque la culture et les connaissances autochtones sont soutenues par le biais du Continuum, nous disons que chaque génération est une enseignante et une praticienne. Par exemple, lorsque des chansons sont transférées à des individus, des familles ou des communautés, ces personnes sont ensuite sanctionnées pour leurs connaissances et leurs droits de pratiquer certains aspects de la culture. Dans ces cas, l’âge n’est pas une condition, mais plutôt un guide des méthodes d’éducation autochtones pour transférer les connaissances. (p. 37)

Selon les approches de promotion de la vie mises en évidence sur ce site, le Continuum du mieux-être mental des Premières Nations, et la littérature connexe, ces idées, questions de réflexion et incitations peuvent vous aider à mettre les connaissances autochtones au cœur de la réforme des programmes et services à l’enfance et à la famille dans votre communauté :

Rassemblez une équipe de conseillers de confiance

Ce travail nécessite une vision et une contribution des membres de la communauté lors des nombreuses étapes du processus. La création d’un groupe consultatif de confiance comme première étape peut garantir que les voix de la communauté font partie du processus dès le début. Vous voudrez peut-être considérer les éléments suivants :

  • De qui le groupe consultatif sera-t-il composé ? D’aînés ? De jeunes ? De gardiens du savoir ? D’autres personnes ?
  • Quel sera le nom du groupe ? Y a-t-il un mot ou une phrase dans votre langue qui capture l’esprit de ce travail ?
  • Comment les membres seront-ils rémunérés pour leurs contributions ? Un budget a-t-il été prévu pour les honoraires ?
  • Vous souhaiterez peut-être commencer par développer un ensemble de valeurs directrices et un énoncé de vision pour ce groupe de travail, afin de garantir une orientation claire.
  • À quelle fréquence les conseillers se rencontreront-ils ? Comment vous assurerez-vous que leur travail est intégré dans les processus décisionnels à tous les niveaux?

Inspirez-vous d'un modèle holistique de bien-être propre à votre communauté ou à vos connaissances culturelles locales

Les politiques, les descriptions de poste, les ententes et même les lois relatives aux programmes et services sont souvent fondés sur un modèle occidental ou colonial. Si vous vous efforcez d’incorporer les connaissances autochtones au cœur de vos programmes et services, il est utile de commencer par :  votre propre langue traditionnelle, vos enseignements et vos systèmes de gouvernance. Voici quelques conseils:

  • Certaines communautés développent des relations stratégiques avec les universités (comme avec les départements de linguistique et de droit) afin de mobiliser les ressources humaines et autres nécessaires à ce travail de longue haleine.
  • Identifiez la gamme de sources de connaissances pour les enseignements, la langue et les lois locales. Cela peut inclure : des archives d’enregistrements de locuteurs de langues, de conteurs et de chansons; publications; recherche; documents juridiques et autres politiques ; et plus.
  • Découvrir les principes directeurs, les valeurs et les pratiques qui devraient inspirer les services et les pratiques d’aujourd’hui.
  • Commencez à définir un modèle de mieux-être pour votre communauté, selon ces enseignements.
  • Il peut être utile de définir spécifiquement ce que signifie « l’intérêt supérieur de l’enfant » dans votre communauté, car il s’agit d’un concept qui peut être vague lorsqu’il est appliqué dans divers contextes.
  • Assurez-vous de partager les apprentissages de ce processus avec tous ceux qui effectuent la prestation de services aux enfants ou à la famille dans votre communauté, ou avec ceux qui les reçoivent.

Élaborer des modèles de pratique qui sont conformes aux modes de connaissances autochtones

Le fait d’avoir un fondement solide de votre propre modèle de mieux-être inspirera directement les types de pratiques que vous proposez. Voici quelques éléments de considération :

  • De nombreuses communautés constatent une évolution vers des pratiques plus intergénérationnelles et basées sur la terre.
  • De nombreuses communautés trouvent également un changement d’approches « cloisonnées » vers le soutien (abordant les divers défis auxquels les personnes peuvent faire face séparément) vers une forme de soutien plus holistique.
  • Certaines communautés développent des partenariats avec des universités ou d’autres organisations pour des projets de recherche-action communautaire ou participative afin de « tester » de nouveaux modèles de pratique et d’explorer leur efficacité en même temps. Cela peut également être une stratégie utile pour le renforcement progressif des capacités.

Décidez si vous devez développer des accords formels avec des partenaires gouvernementaux

Les programmes et services communautaires axés sur les connaissances autochtones peuvent contribuer à une plus grande autonomie des communautés pour qu’elles fonctionnent d’une manière qui leur convient. Cependant, cela ne veut pas dire que les gouvernements provincial et fédéral n’ont aucune responsabilité. Ils en ont. Il est très important de connaître les droits et les responsabilités de toutes les parties en matière de prestation de services et de conclure des accords pour les respecter. En particulier :

  • Cela peut prendre beaucoup de temps pour finaliser les détails d’une entente officielle – en tenant compte de la nouvelle législation provinciale et fédérale ou d’autres changements qui ont une incidence sur les programmes et services. Il peut être utile de créer et de signer un protocole d’entente avec les gouvernements provincial et fédéral, qui décrit les droits des Autochtones en ce qui concerne les services aux enfants et aux familles ainsi que les engagements à travailler ensemble de manière à mieux faire respecter ces droits. Il existe de nombreux exemples à partir desquels vous pouvez vous inspirer.
  • Établissez des contacts personnels avec d’autres communautés qui ont conclu des ententes formelles liées aux services à l’enfance et à la famille pour en savoir plus sur les possibilités pour votre propre communauté.
  • S’assurer que le financement est inclus dans les ententes formelles une fois qu’elles sont élaborées. Le financement ne doit pas être uniquement destiné à la prestation de services, mais également au temps nécessaire à la création d’ententes et au renforcement des capacités.
  • S’assurer que les processus de résolution des conflits – sous la supervision d’un tiers indépendant – font également partie des ententes formelles.
  • Assurez-vous que la référence à votre comité consultatif soit incluse dans les ententes officielles.

Mettre toutes les chances de son côté

Chaque effort de promotion de la vie sera différent. Cette partie fournit un aperçu général de la manière dont vous pourriez démarrer les choses de la bonne façon. Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive de tout ce qui doit être fait : cela devra être déterminé avec vos partenaires communautaires selon vos propres forces et besoins locaux ; cette section vous aidera cependant à y parvenir. Vous et vos partenaires communautaires connaissez peut-être déjà une partie de cette information et elle peut, nous l’espérons, renforcer ce que vous savez, pensez et faites déjà. Sinon, vous pourriez trouver cette information utile pour renseigner d’autres personnes (p. ex., les bailleurs de fonds, les partenaires externes) sur ce qu’il faut faire pour promouvoir la vie et prévenir le suicide dans les communautés des Premières Nations.

L’information ci-après est en grande partie tirée du  Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations (plus particulièrement la partie 5, intitulée Contexte et principales considérations, et la partie 6, intitulée Principaux thèmes) et de publications connexes.

S’assurer que l’initiative est détenue et dirigée par la communauté.

Une initiative de promotion de la vie qui appartient à la communauté doit, dès le tout début, être fondée sur ses valeurs, connaissances, langue et histoire. Les cérémonies, les enseignements culturels et les protocoles locaux devraient constituer la base culturelle de tout effort de promotion de la vie. Est considéré promouvoir la vie, tout ce qui peut être fait pour renforcer et rétablir les liens familiaux et panser les plaies d’un traumatisme intergénérationnel (à la suite des pensionnats et de la colonisation) et aider la communauté à devenir autonome.

Être attentif à la sécurité culturelle est primordial dans ce travail. Le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations indique ceci : « Elle suppose un examen des différences culturelles, historiques et structurelles ainsi que des relations de pouvoir établies lors de la prestation de soins. Il s’agit d’un processus continu d’autoexamen et de croissance de l’organisation visant l’efficacité des interventions prodiguées par les fournisseurs de services et l’ensemble du système auprès des membres des Premières Nations » (p. 36).

Et enfin, misez sur les forces vives de la communauté pour améliorer la durabilité de votre projet. Dans le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations, cinq priorités d’action ont été répertoriées à cet égard. Ces actions devraient constituer une priorité pour toute nouvelle initiative de promotion de la vie :

  • Le contrôle des services par les Premières Nations
  • Consolider les priorités de la communauté
  • Élaborer des plans de mieux-être communautaire
  • Travailler en partenariat
  • Investir dans le développement communautaire et le renforcement des capacités (pour plus de détails, aller à la page 38)

Développer des communications et des attentes claires entre toutes les parties / partenaires.

Ce travail ne peut s’accomplir isolément. Cela nécessite des partenariats créatifs et stratégiques avec des personnes et des organisations au sein de votre propre communauté et au-delà. Les gouvernements locaux, provinciaux, fédéraux et des Premières Nations, les établissements universitaires, les organismes sans but lucratif, les entreprises et sociétés privées, les gardiens du savoir, les bénévoles, les intervenants fervents et engagés et les membres de la communauté peuvent tous jouer un rôle dans les efforts de promotion de la vie dans votre communauté. Assurez-vous de reconnaître la valeur de partenariats diversifiés dans vos initiatives de promotion de la vie.

Il est également très important de développer des communications et des attentes claires parmi les personnes impliquées, dès le tout début et en cours de route. Élaborer des protocoles clairs et des méthodes de travail qui garantissent que les gens se sentent entendus et appréciés. Voici les actions prioritaires répertoriées dans le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations pour le développement de collaborations efficaces :

  • Définir clairement les rôles et les responsabilités
  • Établir le leadership
  • Créer des partenariats et des réseaux
  • Assurer le perfectionnement des intervenants-pivots et des gestionnaires de cas
  • Assurer des services de défense des droits
  • Rehausser le niveau de sensibilisation – réduction de la stigmatisation et protection de la vie privée (pour plus de détails, aller à la page 50)

Rechercher des partenaires et des alliés pouvant fournir un financement souple et à long terme.

Investir dans le bien-être de l’ensemble de la communauté est le meilleur moyen de réduire les risques de suicide et autres dangers pour la santé. Mais les initiatives de promotion de la vie n’ont pas seulement besoin d’argent : d’autres ressources et sources de financement doivent aussi être fournies d’une manière adaptée au travail effectué. Le bien-être des communautés est rehaussé lorsque le financement est souple, durable, suffisant et justifiable.

Un financement étroitement guidé par les besoins du bailleur de fonds (plutôt que par ceux de la communauté), lié par des cycles de financement limités et contraignant pour les communautés en matière de production de rapports, peut prendre beaucoup de temps et d’énergie qui normalement seraient consacrés au travail important de promotion de la vie. Il importe que les bailleurs de fonds reconnaissent la nature intersectorielle et à long terme du travail de promotion de la vie.

Goodkind et al. (2010) énumèrent plusieurs recommandations adaptées et élaborées ailleurs dans ce site Web. En voici quelques-unes :

  • Développer les mécanismes de remboursement pour les guérisseurs traditionnels.
  • Mettre dorénavant l’accent sur les pratiques fondées sur des données probantes plutôt que sur les preuves fondées sur la pratique.
  • Exiger que les systèmes de santé tiennent compte des réalités actuelles des jeunes des Premières Nations.
  • Subventionner les programmes qui associent prévention et traitement.
  • Reconnaître et soutenir les guérisseurs traditionnels, les intervenants culturels et les aînés en tant que fournisseurs de services.
  • Reconnaître les conséquences des inégalités structurelles et des politiques colonialistes sur la vie des enfants des Premières Nations et des familles impliquées dans le système de protection de l’enfance.
  • Faire le suivi des excuses du gouvernement fédéral par des actions concrètes.

Comprendre le contexte historique et politique des comportements suicidaires.

Le suicide est généralement perçu comme étant un problème individuel et privé. La pensée actuelle sur le suicide fait souvent un lien entre le suicide et la maladie mentale. Cela a tendance à nous amener à centrer nos interventions sur les individus, mais à négliger de nombreux facteurs historiques, contextuels et politiques qui contribuent à la détresse et au désespoir suicidaire. Pour mettre toutes les chances de son côté, il est important de bien comprendre le contexte historique et politique de son milieu de vie et de travail.

Il faut comprendre le rôle de la violence colonialiste et ses effets négatifs sur les enfants, les jeunes, les familles et les communautés des Premières Nations. Soyez conscient de l’émergence relativement récente du suicide dans les communautés autochtones et du lien qui existe entre le suicide et la colonisation. Réfléchissez à la façon dont vous pourriez par votre travail contribuer à modifier ce cycle infernal en abordant les facteurs sociaux, économiques, politiques et structurels qui contribuent à la détresse et au désespoir dans les communautés des Premières Nations.

Rechercher des occasions d’établir des liens entre les efforts de promotion de la vie et d’autres projets dont l’objectif est de contrer les effets de la violence colonialiste dans la vie des peuples des Premières Nations, incluant la violence envers les femmes et les enfants, les personnes bispirituelles, la violence sexuelle envers les filles et les femmes et les sans-abris. Vous joindre à des personnes qui partagent vos objectifs de rétablissement communautaire, de décolonisation et de promotion des droits fondamentaux des Autochtones peut donner encore plus de poids à vos efforts collectifs.

S’informer sur les divers déterminants sociaux de la santé (p. ex., un emploi, un logement sûr et sécurisé, un revenu, des services de garde de qualité, l’éducation) et sur les liens qui existent entre eux peut aider les individus à résister à la tendance à individualiser les problèmes et les habiliter à trouver des solutions. Autrement dit, cela peut nous aider à réaliser que la responsabilité appartient à tous les Canadiens, et que cela implique des changements collectifs et systémiques. Selon le Cadre du continuum des services de mieux-être mental pour les Premières Nations : « À chaque stade de la vie, la santé est déterminée par des interactions complexes entre les facteurs sociaux et économiques, l’environnement physique et le comportement individuel. » (p. 29). Mettre toutes les chances de son côté signifie que nous devons considérer tous ces facteurs en lien les uns avec les autres.

Les Premières Nations possèdent des cultures, des langues, des liens avec le territoire et un passé qui leur sont propres. Il existe déjà à l’intérieur de votre communauté de nombreux talents, des forces et des ressources que vous pouvez mobiliser. Assurez-vous que votre initiative s’appuie sur les forces uniques de la communauté auprès de laquelle vous œuvrez.

Remarque : Si vous faites partie de (a) un établissement universitaire, (b) un gouvernement, (c) une société, (d) un organisme sans but non lucratif ou tout autre groupe qui souhaite subventionner ou soutenir les Sages pratiques pour la promotion de la vie, veuillez cliquer ici.

 

Évaluer les initiatives de promotion de la vie

Comment mesurer la portée de nos actions ?

Comme l’approche de promotion de la vie et de prévention du suicide est adaptée à la communauté et à la culture, elle ne peut pas nécessairement être définie à l’avance. Autrement dit, il importe de tenir compte du contexte particulier lorsqu’on tente de définir quelle approche sera la plus utile, la plus conforme à l’éthique et la plus appropriée sur le plan culturel.
Cet accent mis sur la capacité d’adaptation et la souplesse est voulu et se justifie à plusieurs égards.

Nous préconisons une diversité de sages pratiques pour promouvoir la vie. En effet, dans le contexte d’un état colonialiste comme le Canada, les défis multiples et complexes auxquels sont confrontées les communautés des Premières Nations ne peuvent être abordés au moyen d’approches uniques, à court terme ou simplistes. Le travail de promotion de la vie doit être collectif, soutenu dans le temps et ancré dans un contexte social, historique et culturel. Cela signifie que nous avons besoin d’une nouvelle stratégie pour évaluer les effets et l’utilité de nos initiatives. Voilà pourquoi nous avons présenté des pratiques qui « démontrent ou promettent » de promouvoir la vie et de prévenir le suicide dans les communautés des Premières Nations selon les façons d’apprendre autochtones et les personnes qui vivent dans ces communautés. Mesurer les effets de la promotion de la vie et de la prévention du suicide sera toujours difficile et ne devrait pas être abordé comme étant une tâche simple.

À cause de la complexité de cette tâche, il est particulièrement important pour nous de mesurer la portée de nos actions dans les communautés où nous œuvrons. Voici quelques conseils utiles :

Appuyer le travail d’évaluation sur les convictions et valeurs fondamentales.

Dans leur article intitulé Reframing evaluation: Defining an Indigenous evaluation framework, LaFrance et Nicols (2010) posent cette importante question : « Existe-t-il un ensemble de convictions ou de valeurs communes pouvant servir de base théorique à une approche autochtone à l’évaluation ? (traduction libre) (p. 22). Dans leur recherche, les auteurs ont relevé quatre convictions ou valeurs fondamentales pouvant aider à orienter les processus d’évaluation autochtones : le territoire est une présence vivante; chaque être ou personne possède un but ou un don; la famille et la communauté sont de prime importance et la souveraineté des nations doit être respectée.

Comment cerner les convictions et valeurs fondamentales qui orientent les initiatives de promotion de la vie dans votre communauté ? Mettre ces valeurs et convictions au cœur de votre démarche peut aider à axer les efforts d’évaluation non seulement sur les effets, mais aussi et surtout sur le processus.

Les recherches et les évaluations ayant parfois été menées de manière désastreuse pour les communautés des Premières Nations, il est également important de respecter l’éthique au moment d’évaluer les initiatives. Voici quelques lignes directrices sur l’implication éthique dans le travail communautaire qui pourraient être utiles pour mener l’évaluation selon les valeurs fondamentales consistant à ne faire aucun mal et à respecter la dignité de chacun.

Passer de la parole aux actes.

Avant d’évaluer les effets de vos actions, commencez par examiner vos propres structures et processus organisationnels. Sont-ils le reflet des convictions et des valeurs fondamentales que vous avez déterminées ci-dessus comme étant essentielles dans vos actions ? Votre équipe fonctionne-t-elle d’une manière qui reflète ces engagements ?

Il est important que ceux qui procèdent à l’évaluation intègrent parfaitement les critères d’évaluation et les mettent en pratique. Sinon, il y aura des zones d’ombre ou des faiblesses, des attentes déraisonnables et des incohérences et, plus important encore, cela ne mettra pas toutes les chances de réussir de leur côté.

Lorsque nous passons de la parole aux actes, nous sommes beaucoup mieux positionnés pour promouvoir des actions positives pour et avec les autres avec efficacité et conformément à l’éthique.

Savoir reconnaître et mobiliser les dons et les talents de chacun.

Se concentrer sur les dons et les talents ne signifie pas ignorer les défis ou les problèmes mais plutôt posséder la volonté de ne pas être obnubilé par eux. Une approche fondée sur les points forts repose sur la conviction que tous les individus et tous les êtres ont un objectif. Une telle approche se concentre sur le repérage et la mobilisation des dons et talents. Ainsi, nous pouvons examiner ce qui fonctionne déjà, et consacrer des ressources et de l’énergie à la promotion et à l’amélioration des forces en place afin de promouvoir la vie et le mieux-être (voir par exemple le travail de Well Living House). Le fait de demeurer à l’affût des dons et des talents et d’en suivre l’évolution tout au long de votre parcours vous incitera à maintenir votre ardeur et, plus important encore peut-être, à constater quand et comment vos actions portent fruit.

Toutes les communautés mentionnées dans ce site Web ont commencé de cette façon : elles ont résisté activement au discours axé sur les problèmes qu’on utilise parfois quand on parle de prévention du suicide.

Tenir compte de multiples points de vue pour faire ressortir des indicateurs de succès.

La plupart des initiatives présentées dans ce site Web ont souligné l’importance d’une participation diversifiée à toutes les étapes. Assurer l’engagement des jeunes, chercher conseil auprès des aînés, développer des partenariats créatifs avec des gardiens du savoir, des établissements universitaires, des entreprises et des leaders, et même la création de réseaux entre plusieurs communautés d’une région donnée ont tous été des moyens de faire entendre diverses voix au sein des initiatives.

Lorsqu’il s’agit de savoir si vos actions portent fruit et de quelle manière, une telle diversité est essentielle. Avoir autant de points de vue à chaque étape est important pour faire ressortir les zones d’ombre ou faiblesses, demeurer transparent et créer une culture de responsabilité. Assurez-vous d’inviter les commentaires des personnes détenant ces multiples points de vue à diverses étapes de votre projet, pas seulement à la fin. Se concentrer sur la démarche (plutôt que sur les résultats) en matière d’évaluation signifie que des changements peuvent être apportés en cours de route. Cela peut augmenter vos chances d’apporter une contribution significative au fil du temps.

Suivre l’évolution des divers effets au fil du temps.

Porter une attention particulière sur les effets à court, moyen et long termes (notamment, les suicides et les comportements suicidaires) est un aspect important du travail de promotion de la vie et de prévention du suicide. Pour les questions complexes telles que la promotion de la vie et la prévention du suicide, lesquelles sont des questions imbriquées dans le contexte politique et historique, il est sensé de se concentrer sur la mesure des progrès réalisés.

Mesurer les progrès réalisés requiert que nous ayons un bon portrait de notre communauté au moment d’entreprendre notre initiative. Cela nécessite une compréhension des statistiques et de la démographie, et aussi des histoires, anecdotes et expériences provenant d’un large éventail de points de vue et de formes de connaissances. Marlene Brant Castellano (1997, citée dans LaFrance et Nichols, 2010) répertorie trois catégories de savoir autochtone : les connaissances traditionnelles (transmises), les connaissances empiriques (observables) et les connaissances révélées (acquises à travers les rêves, les visions et les rites spirituels).

Lorsque diverses formes d’information sont recueillies et synthétisées régulièrement, il est possible de mesurer les progrès réalisés au fil du temps, ainsi que la portée de nos actions. Par exemple, certaines initiatives présentées dans ce site ont entraîné une diminution spectaculaire des introductions par effraction et des suicides dans leurs communautés. Certaines ont vu des liens plus profonds se nouer entre les générations et une participation accrue à des événements communautaires et culturels. D’autres ont entraîné d’importants changements identitaires ou de nouvelles prises de conscience par les membres de la communauté. Il importe aussi de surveiller les diverses réponses au fil du temps et en informer votre communauté.

Rechercher diverses formes de rétroaction et de témoignage, y compris des histoires, des œuvres d'art et d'autres moyens créatifs.

Faire preuve de créativité lorsque vous êtes à la recherche de rétroaction et de témoignages. L’important est surtout de chercher. Nous travaillons souvent avec des moyens limités et des contraintes de temps lorsqu’il nous faut intervenir en situations de crise bien réelles dans la communauté. Il peut donc nous arriver de travailler en mode réactif sans intégrer la rétroaction, la sagesse et la réflexion dans notre démarche, et que nos décisions soient prises selon ce qui nous semble bien fonctionner dans notre communauté.

Produire ce genre d’information peut nous aider à prendre des décisions éclairées quant aux étapes à venir; cela peut aussi nous aider à adopter le même langage pour expliquer et défendre ce travail important. Développer notre compréhension de la façon dont les initiatives de promotion de la vie menées par les communautés peuvent être mises en œuvre efficacement dans les communautés des Premières Nations peut constituer une contribution importante à nos efforts collectifs de promotion de la vie. Cela peut aussi aider d’autres communautés à élaborer leurs propres sages pratiques.

Selon les valeurs fondamentales qui sous-tendent votre action, il existe un certain nombre de moyens de recueillir des commentaires et des témoignages pour vous aider à déterminer si cette action a un effet positif sur votre communauté. Voici quelques outils utiles :

BC First Nations Health Authority Resources for Community Members Interested in Conducting Research

Well Living House Indigenous Evaluation

Réfléchir avec les autres sur ce qu’on apprend et modifier son approche en conséquence.

Bien qu’il soit important de recueillir des commentaires sur une base continue, la cueillette d’information ne constitue pas le point de départ ni la fin de l’évaluation. Faites en sorte de synthétiser, de réfléchir et de discuter de cette information sur une base continue avec d’autres membres de votre équipe et de votre communauté. Surtout, assurez-vous d’inclure dans vos équipes de réflexion des personnes bien placées pour fournir des conseils adaptés à votre culture. Le  Conseil des grands-parents de Well Living House en est un exemple. Voir également le « Comité consultatif des aînés sur la santé mentale et la toxicomanie de l’Alberta » (décrit à la page 103 de l’hyperlien intégré).

Cela vous permettra de remédier aux lacunes et de régler les problèmes avant qu’ils ne paralysent votre initiative. Modifier son approche n’est pas un signe d’échec, mais une indication que vous voulez que vos actions portent fruit dans votre communauté et que vous tenez compte de ce que les commentaires et les évaluations disent.

S’adapter régulièrement selon ce que l’on apprend.

Votre communauté est une entité vivante. Il est possible qu’elle soit en train de changer sur la base de votre initiative, mais aussi en raison de facteurs hors de votre contrôle, tels que les élections, les fonds de financement, les pertes ou les développements.

Bien que votre initiative ait pu être lancée pour répondre aux besoins de la communauté et qu’elle ait pu contribuer à des changements positifs à l’époque, cette situation pourrait changer. Ainsi, votre capacité d’effectuer des changements positifs peut également changer avec le temps, même si votre initiative elle n’a pas changé. Assurez-vous d’obtenir l’information et les conseils dont vous avez besoin pour modifier votre initiative en fonction de ce que vous apprenez. Informez votre communauté de tout changement qui s’opère et des raisons derrière ce changement.