W. J. (Bill) Mussell siège au conseil d’administration des organismes suivants : (a) le First Peoples Wellness Circle (une ramification de la Native Mental Health Association of Canada—président durant 20 ans); (b) la Société pour les troubles de l’humeur du Canada; et (c) la Thunderbird Partnership Foundation(v.-p.). M. Mussell est également coreprésentant du Carrefour des Premières Nations et des personnes d’origine autochtone, RCRID à l’Université de la Saskatchewan.
Alors que j’étais membre exécutif bénévole de la Fraternité des Indiens d’Amérique-du-Nord (FIAM) et étudiant de premier cycle à UBC de 1959 à 1960, j’ai poursuivi des études en développement social, éducation et santé. Notre travail de recherche au sein de la FIAM, lequel nous avait amenés à nous rendre dans plusieurs tribus autochtones de l’Intérieur de la C.-B., montrait clairement la profonde nécessité d’un travail de restauration de la santé et du mieux-être sur les plans physique, affectif, cognitif et spirituel. Un tel travail exigerait une étude sérieuse des conditions et des situations pouvant contribuer à l’absence de mieux-être holistique, et une documentation de nos antécédents pouvant révéler les effets des lois et politiques qui régissent nos vies en tant que bandes ou communautés d’Indiens inscrits du gouvernement du Canada, lequel ne nous percevait pas comme des êtres humains. Des études de ce genre nous ont permis de comprendre pourquoi les enseignements de nos ancêtres n’étaient plus mis en pratique, nommément la dimension spirituelle de la vie sur terre et les rituels et cérémonies s’y rapportant, de même que l’importance de marcher la tête haute, fièrement et dignement.
Les dix années suivantes, j’ai acquis des compétences en travail social et en enseignement secondaire, entrepris des études en consultation psychologique et acquis un considérable bagage professionnel et bénévole. J’ai siégé comme trésorier et ensuite comme président au conseil d’administration du Centre d’amitié autochtone de Vancouver (de 1964 à 1967) lequel axait son action sur les défis auxquels faisaient face un nombre grandissant de membres des PN en transition qui venaient à Vancouver rêvant d’y trouver de meilleures conditions de vie, comme par exemple l’accès aux études supérieures. Les programmes offerts au Centre reposaient largement sur les heures généreusement fournies par des bénévoles habitués à ce genre de défis. Bien que dans les réserves les ressources allouées aux services aient été limitées, à Vancouver, il était encore plus difficile d’y avoir accès. Grâce à mon emploi d’agent de probation, je me suis également familiarisé avec le travail du personnel des services correctionnels, principalement sur l’Île de Vancouver et ensuite à titre d’agent fédéral de libération conditionnelle, d’abord à Vancouver et ensuite à Abbotsford. Pendant que j’exerçais ces fonctions, j’ai donné quelques cours d’introduction à la criminologie et été chef de ma Première Nation avant d’accepter un poste à Ottawa qui consistait à examiner des questions relevant des Affaires indiennes d’une perspective nationale. Avoir été témoin de l’émergence et de l’élaboration de la FNI (Fraternité nationale des Indiens), de la présentation du Livre rouge au premier ministre, et avoir fait l’expérience de divers aspects des relations Indiens-Blancs dans la plupart des régions du Canada ont été pour moi les points culminants de cette période de ma vie. Je suis retourné à Vancouver en 1971.
Durant les 30 années qui ont suivi, j’ai choisi d’axer mon travail sur l’éducation, le développement social et sanitaire, incluant des considérations de justice sociale, de gouvernance, de rétablissement, et l’importance de la culture en tant que facteur social déterminant du mieux-être autochtone. Ma poursuite de ces intérêts s’est enrichie tout au long de mon engagement dans un programme d’études universitaires (éducation des adultes et études supérieures) par la mise en chantier d’un établissement d’enseignement postsecondaire particulièrement conçu pour préparer et outiller les spécialistes établis dans la communauté à fournir de l’information sur la santé, à livrer des services en matière de santé et de toxicomanie et à axer leur action sur la promotion du mieux-être auprès des familles et de la communauté en s’appuyant sur les forces culturelles. L’Institut Salishan a offert ces programmes pendant près de 15 ans au Centre Naramata , et bon nombre de Premières Nations de la C.-B. et de l’Alberta l’ont contacté pour obtenir de la formation en développement des compétences dans leurs propres communautés. Ce genre de travail m’a amené à m’engager dans divers projets de recherche, à écrire des rapports et des publications sous contrat, des rapports d’évaluation (en santé communautaire et services à l’enfance et à la famille), ainsi que des discours thèmes et autres présentations connexes pour conférences. C’est avec fierté que j’ai rempli les fonctions d’éducateur principal et de directeur de l’Institut. Les projets d’études sur les violences physiques et sexuelles, la dépression et le suicide, ainsi que la santé et le mieux-être de nos communautés des PN ont particulièrement retenu mon attention durant cette étape de ma vie active, tout cela fait qu’aujourd’hui je me retrouve à un âge bien avancé.
Les défis que je continue de relever dans le cadre de mon action et de mon engagement touchent le mieux-être mental, les toxicomanies, l’épigénétique, le besoin de sages pratiques afin de restaurer la confiance et la fierté en tant que « gens de la Terre » qui avançons avec assurance et espoir grâce au soutien de notre communauté et à un sens profond de notre vie et de notre raison-d’être ancré dans les enseignements de nos ancêtres autochtones. Travailler sur la vérité et la réconciliation est l’activité qui décrit le mieux le but que je poursuis dans la vie et que je m’emploie à atteindre par mon engagement au sein des organismes cités au début de ce compte rendu.
Matière à réflexion
Lorsque nous cherchons réponse aux questions sur la vie contemporaine des Autochtones, il est important de se rappeler que nous savons très peu de choses sur la vie de nos ancêtres entre 1850 et 1920, en particulier ces aspects de la vie qui nous ont permis de survivre et de prospérer. Pour nous la vie est continue et parce qu’elle est continue, elle prend la forme que chaque nouvelle génération qui l’embrasse lui donne au passage.